S’il est un lieu où l’on ne s’attend pas vraiment à trouver une exposition d’art, ce seraient peut-être les prisons françaises ? Pourtant la culture et l’art entrent depuis peu derrière les barreaux grâce à l’initiative des directions et des autorités françaises.
A la prison de Réau en Seine et Marne, une exposition « La Femme Un Regard Différent » s’y déroule jusqu’au 8 mars. Elle n’est évidemment pas ouverte au public mais aux détenus de la prison. Nous avons eu la chance de pouvoir visiter cette exposition qui ne nous a pas laissé indifférents. Où comment faire tomber les barreaux d’une prison en offrant de la culture en ses murs !
Le concept de l’exposition :
La particularité de cette exposition est d’avoir été conçue en totale collaboration avec les détenus. 6 hommes, 4 femmes qui ont travaillé pendant un an et demi sur des œuvres originales. En choisissant le thème de la Femme dans l’Art, ils ont voulu mettre en valeur les femmes combattantes. Mais également les œuvres représentantes de la maternité ou de l’égalité. Simone Veil, Colette ou Olympes de Gouges ont toutes contribué à l’émancipation de la femme à leurs époques respectives. Connaître leur histoire, c’est un peu connaître la nôtre !
Les œuvres :
Les 70 œuvres réunies proviennent toutes de musées parisiens comme le Musée du Quai-Branly, le musée Bourdelle ou la Bibliothèque Nationale. Elles sont pour la plupart des œuvres originales que les détenus n’auraient peut-être jamais eu l’occasion de découvrir.
La visite :
Les commissaires de l’exposition sont ces mêmes détenus qui ont participé à son élaboration. N’oublions pas qu’ils ont dû apprendre l’histoire de chaque œuvre depuis leur cellule… Et sans aucun accès à Internet, seulement des livres et des photos. Nous avons été initiés par Chantal et Bernadette, deux des détenues qui ont œuvré pour cette exposition. Une transmission originale de la culture s’est alors opérée… Ces femmes prouvent également qu’il est possible de s’ouvrir à la culture en prison. Transmettre le savoir n’est pas réservé aux seuls professeurs ou historiens.
Un sentiment contradictoire de liberté dans un lieu impénétrable :
Cette exposition nous a fait oublier le lieu dans lequel elle se déroulait et oublier que ces commissaires ne franchiraient pas la sortie à la fin de la visite. L’humanisme qui s’est dégagé de cette entrevue restera gravé en nos mémoires. Une bien belle initiative du Centre Pénitentiaire Sud Francilien, qui devrait s’étendre… Et s’ouvrir un peu plus au public dans les années à venir.