Si vous venez de partir en vacances ou d’en revenir, vous avez sans doute consulté le fameux Bison Futé ! Que ce soit pour connaître les « couleurs » de circulation ou les meilleurs moments pour prendre la route, on écoute tous ses conseils.
Saviez-vous que Bison Futé avait été créé par l’Etat en 1975 ? Cette instance a vu le jour à la suite d’un dramatique événement qui a provoqué la mort de 145 personnes en une journée. Le « bouchon du 2 août 1975 » restera dans les annales de la circulation routière… Personne ne l’avait prévu, mais il a été catastrophique en pertes humaines. On vous explique tout.
Le bouchon du 2 août 1975
Pour comprendre comment 600 kilomètres de bouchons ont provoqué la mort de 145 personnes, il faut se remettre dans le contexte de l’époque: en 1975, plus de 15 millions de véhicules circulent sur les routes de France, alors qu’en 1950, elles n’étaient qu’un million et demi.
Les ventes de voitures explosent en quelques années. Dans ces années-là, les salariés bénéficient de quatre semaines de congés, et toutes les usines ou presque, ferment du 1er au 21 août… Les vacanciers n’ont pas d’autre choix que de partir dans sur ces dates. Et ils se ruent, en même temps sur les Nationale 7 qui descend dans en Provence, et sur la Nationale 10, qui file vers l’Aquitaine.
Pas d’autoroute, ni de rocade !
Rappelons que nos chères autoroutes n’existent pas encore et que, concrètement, un seul chemin mène vers les plages. Le 2 août 1975 est également un jour de canicule, avec 39° dans les Landes par exemple.
Tous ces facteurs cumulés, font qu’à 11 heures du matin plus de 60 000 voitures n’avancent plus ! En sachant qu’il n’existe ni rocade, ni périphérique de contournement des villes, les centres-villes sont pris d’assaut. Comme les aires de repos et les fontaines, tant il fait chaud.
Au soir du 2 août 1975, certains n’ont fait que quelques kilomètres, d’autres y laissent leurs voitures en surchauffe… Et 145 personnes y laissent la vie, victimes d’accidents de la route ou d’insolation… L’Etat imagine alors Bison Futé, pour ne plus jamais que cela se reproduise.
La Naissance de Bison Futé
Avant la création de Bison Futé, il existait des informations routières sur les ondes radios. Ce fût d’abord « Route de Nuit » sur Paris Inter puis le premier PC Inter Route en 1951.
Dès 1958, la radio France Inter diffuse quelques points routes avec des informations officielles. Mais ils sont diffusés depuis des points précis connus pour être embouteillés. La Gendarmerie de Seine-et-Marne fût le premier peloton à surveiller les routes par axe. En 1966, la surveillance par axe se généralise et le Centre d’information routière de la Gendarmerie ouvre ses portes au Fort de Rosny-sous-Bois (93).
A la suite du bouchon du 2 août 1975, les médias s’insurgent contre les pouvoirs publics. La pression est telle que l’Etat Français créé Bison Futé.
Pour se faire, ils identifient trois axes à améliorer :
- Etaler les temps de déplacements
- Créer les fameux « Itinéraire Bis »
- Communiquer vers les automobilistes
Dès l’été suivant, 3500 kilomètres d’itinéraires secondaires sont imprimés sur 600 000 cartes de France. De nombreuses aires d’accueil sont créées. Et 64 quotidiens régionaux et nationaux relaient les informations de Bison Futé… C’est également l’apparition du petit personnage de Bison Futé ! A la fin de l’été 1976, les autorités dénombrent 30% de bouchons en moins que l’année précédente…
Bison Futé
deviendra un incontournable et tout le monde suit désormais les conseils donnés et les couleurs du trafic routier.
Pour rappel :
- Vert : Circulation normale
- Orange : Trafic Dense et circulation localement difficile
- Rouge : Trafic très dense et circulation difficile, mieux vaut décaler son départ de quelques heures ou l’avancer parfois
- Noir : Trafic extrêmement dense et circulation quasi impossible à certains endroits… On choisit un autre moment.
Il aura donc fallu un événement exceptionnel pour que les pouvoirs publics prennent conscience du drame qui s’était joué le 2 août 1975.