Peu à peu et peut-être tardivement, nous prenons conscience que la planète est en danger… Le développement de l’écotourisme est donc devenu un enjeu majeur pour les acteurs de ce secteur. C’est notamment le cas pour les croisiéristes, qui proposent des voyages dans des lieux souvent menacés : nos eaux et océans… La nécessité de protéger les fonds marins et notamment ceux des régions polaires est devenu primordiale. Les croisières en Arctique ou en Antarctique sont très prisées des touristes, mais il n’est un secret pour personne que la banquise se meure… De plus, ces mers difficilement accessibles rendent parfois le ravitaillement des bateaux compliqué au regard de la configuration géographique, mais également des différentes législations en vigueur. Pour tenter de résoudre ce problème environnemental majeur, l’entreprise Ulstein dévoile Thor, un concept de navire propulsé au thorium pour soutenir l’éco croisière. Explications.
Thor, un navire de ravitaillement nouvelle génération
Le Thor est navire polyvalent qui permettrait de naviguer dans les mers polaires à des fins de recherches ou de sauvetages, mais qui pourrait également servir de ravitailleurs pour les navires de croisières à propulsion électrique. Le groupe marin norvégien Ulstein a présenté Thor (3R) de 149 m propulsé par un réacteur à sels fondus au thorium (MSR) qui peut être utilisé pour recharger la batterie. Pour aller plus loin dans la conception, Ulstein annonce également travailler sur un navire de 100 m qui pourrait transporter 80 passagers et 80 membres d’équipage. Ce navire serait évidemment rechargé en mer par le Thor, à propulsion nucléaire donc.
Pourquoi du thorium et non de l’uranium ?
Habituellement, les réacteurs de ces ravitailleurs sont alimentés à l’uranium; le Thor, lui le sera au thorium, un élément beaucoup plus abondant que l’uranium à l’état naturel et qui peut être utilisé sans avoir besoin de l’enrichir. Le thorium est fertile et non fissile et ne peux pas créer de réaction en chaîne, il ne peut donc pas s’emballer et s’arrêter de lui-même en cas de surchauffe, ce qui n’est pas le cas de l’uranium. De plus, les déchets de thorium mettront quelques centaines d’années à se désintégrer, contre des centaines de milliers d’années pour l’uranium.
Comment fonctionnera le Thor ?
Thor utilisera un réacteur portable au thorium MSR de quatrième génération. Dans le MSR, le thorium est dissous dans un mélange de sel chauffé à 700°C (1 292°F). Ce mélange peut être utilisé à la fois comme fluide caloporteur et comme réservoir de thorium. S’agissant d’un réacteur à sels fondus, il est à pression atmosphérique et utilise un système de refroidissement passif, lui permettant de fonctionner en cas d’arrêt d’urgence. Ce mélange fondu signifie également que le réacteur peut être ravitaillé et nettoyé par une boucle chimique. Selon Ulstein, il pourrait produire une puissance suffisante pour quatre navires de croisière d’expédition en même temps. De plus, son réacteur n’aurait pas besoin d’être ravitaillé pendant toute la durée de vie du navire. « Les MSR ont un énorme potentiel pour permettre une navigation propre« , a déclaré Jan Emblemsvåg, professeur à l’Université norvégienne des sciences et technologies, expert dans le domaine du thorium et de la production d’énergie nucléaire. Le thorium pour remplacer l’uranium, nous on valide, d’autant que le thorium ne peut pas produire d’armes nucléaires et c’est plutôt une excellente nouvelle non ?