Les dernières années ont vu la température des océans et de l’atmosphère augmenter de manière inquiétante. Les vagues de chaleur se succèdent et si les hommes essaient tant bien que mal de s’y adapter, certaines espèces animales ont beaucoup de mal et sont menacés d’extinction. Même les tardigrades, ces petites créatures réputées pour être indestructibles, pourraient ne pas survivre si le réchauffement climatique continue de s’aggraver.
Les tardigrades, également connus en tant qu’« ours d’eau » ou « porcelets de mousse » sont de minuscules animaux microscopiques (moins d’un millimètre) qui possèdent d’incroyables capacités d’adaptation. Ils sont ce qu’on appelle des « extrémophiles, » des créatures qui peuvent survivre dans des conditions de vie les plus hostiles.
Les tardigrades seraient capables de s’adapter aux températures et pressions extrêmes (du zéro absolu jusqu’à 150 degrés !). Ils seraient aussi capables de vivre pendant plusieurs années sans nourriture et même de survivre dans le vide spatial.
Le secret de ces petites créatures ? Elles sont capables de modifier leur métabolisme en fonction des conditions défavorables à surmonter et entrer en phase de dormance appelée « dessiccation » pendant plusieurs années s’il faut. Les chercheurs avaient alors prédit que les tardigrades pourraient bien être les derniers survivants sur Terre. Surtout qu’ils ont déjà survécu à cinq extinctions de masses qui ont touché notre planète.
Oui mais voilà, de récentes études menées par une équipe de biologistes à l’Université de Copenhague au Danemark viennent contredire cette affirmation. Les scientifiques ont découvert que les tardigrades avaient finalement un talon d’Achille : ils ne supportent pas d’être exposés trop longtemps à des températures vraiment trop extrêmes.
« Nous avons évalué l’effet de l’exposition à des températures élevées chez des tardigrades actifs et desséchés et nous avons également étudié l’effet d’une brève période d’acclimatation sur des animaux actifs. » a indiqué Ricardo Neves, un des principaux co-auteurs de l’étude.
Crédit photo : Schokraie E, Warnken U, Hotz-Wagenblatt A, Grohme MA, Hengherr S, et al. (2012) / Wikipedia
Des expériences ont été menées sur des groupes de tardigrades actifs, des groupes en dormance (desséchés) et des groupes déjà acclimatés à la hausse de température. Résultat, les tardigrades actifs non acclimatés se sont montrés très vulnérables : 50 % sont morts après avoir été exposés pendant 24 heures à une température de 37,1 °C seulement. Les tardigrades actifs acclimatés sont parvenus à supporter jusqu’à 37,6 °C avant de mourir à leur tour.
Ensuite pour ce qui est des tardigrades desséchés, le groupe est parvenu à supporter la température maximale de 82,7 °C pendant une heure avant que la moitié ne meure.
Publiée en détail dans la revue Scientific Report, cette étude démontre ainsi que même des créatures aussi coriaces que les tardigrades sont menacées par le réchauffement climatique. Comme l’explique le rapport : « L’acclimatation dans les habitats naturels peut fournir aux tardigrades à l’état actif la capacité de tolérer des températures en hausse. Néanmoins, les tardigrades, et en particulier les spécimens à l’état actif, sont clairement sensibles aux températures élevées, qui semblent être un talon d’Achille pour leur tolérance extraordinaire aux conditions environnementales extrêmes. »
De quoi faire réfléchir sur l’avenir des êtres vivants plus vulnérables (les êtres humains en tête) si les températures des océans et de l’atmosphère continuent de grimper.