Le ministère britannique des Affaires, de l’Énergie et de la Stratégie industrielle (BEIS) a publié vendredi dernier un rapport intitulé « Atmospheric Implications of Increased Hydrogen Use ». Le document de 75 pages, rédigé par Frazer-Nash Consultancy, alerte sur les dangers encourus par l’humanité face à l’éventuelle généralisation de l’utilisation de l’hydrogène pour alimenter nos moyens de déplacement. Cette molécule peut être utilisée comme carburant propre pour produire de l’électricité à travers une pile à combustible. Par rapport à une batterie classique, elle offre une meilleure efficacité énergétique tout en étant plus pratique. Il est en effet plus facile et plus vite de remplir un réservoir d’hydrogène que de recharger un accumulateur au lithium…
Un danger à ne pas ignorer
À ce que l’on sache, le H2 ne génère que de l’eau en tant que sous-produit. Cependant, le rapport du BEIS souligne un danger potentiel qu’il faudra à tout prix maitriser avant d’envisager une production à grande échelle du combustible. D’après le document, il existe de plus en plus d’indices suggérant que l’hydrogène est un gaz à effet de serre indirect capable d’affecter la deuxième couche la plus basse de l’atmosphère lorsqu’il entre en interaction avec d’autres gaz. L’étude publiée par le ministère britannique identifie et quantifie ainsi les différents mécanismes d’émissions fugitives de la molécule.
Bien plus nocif que le CO2
Il s’avère que le potentiel de réchauffement planétaire (PRG) de l’hydrogène est à peu près deux fois plus élevé qu’on ne le supposait. Sur une période d’un siècle, 1000 kg de H2 réchaufferait notre planète 11 fois plus par rapport à une quantité équivalente de gaz carbonique. Effectivement, la molécule peut se disperser dans l’atmosphère à travers des fuites involontaires, explique un autre rapport du cabinet Frazer-Nash Consultancy. Cela peut provenir des joints, des tuyauteries ou encore des citernes de stockage / transport.
Toute fuite de H2 entraînera un réchauffement climatique indirect, compensant les réductions d’émissions de gaz à effet de serre résultant du passage des combustibles fossiles au H2. (…) La minimisation des fuites doit être une priorité si l’hydrogène est adopté comme source d’énergie majeure. Atmospheric Implications of Increased Hydrogen Use
Minimiser les fuites
Les fuites peuvent aussi être la conséquence d’une purge ou d’une ventilation mal menée. Ces opérations sont actuellement courantes. Elles se produisent souvent pendant l’électrolyse, la compression, le ravitaillement et le processus de conversion en énergie électrique. Selon les estimations de Frazer-Nash Consultancy, entre 1 et 1,5 % de tout l’hydrogène que nous utiliserons sera rejeté dans l’atmosphère. Par conséquent, le gouvernement britannique recommande de mettre en œuvre des solutions pour minimiser les fuites.
« L’augmentation des émissions équivalentes de CO2 basée sur un taux de fuite de H2 de 1 % et 10 % compense environ 0,4 et 4 % des réductions totales d’émissions équivalentes de CO2, respectivement », soulignent les auteurs de l’étude. Autrement dit, le recours à l’hydrogène reste parmi les options les plus prometteuses pour combattre le réchauffement climatique terrestre.
N’importe quoi, pour avoir un effet de serre, la molécule d’un gaz doit compter au minimum trois atomes. H2 est inoffensif comme O2 et N2. De plus sa légèreté lui permet de s’échapper dans l’espace.