Plus de 190 pays ont signé l’accord de Paris sur le climat. À première vue, il y a de quoi se réjouir, car au moins toutes les nations membres de l’ONU feront tout leur possible pour honorer leurs engagements. Malheureusement, une nouvelle étude publiée dans la revue Environmental Research Letters indique que même si l’objectif est atteint, l’élévation du niveau de la mer au cours des prochaines décennies ne pourra pas être évitée; des villes comptant au total jusqu’à 500 millions d’habitants se retrouveraient ainsi sous l’eau. Cela représente environ 7 % de la population mondiale.
Un danger imminent
Selon les auteurs du rapport, les habitants des zones côtières d’Asie constitueront les principales victimes de la montée des eaux. Cela n’a rien d’étonnant puisque les résidents de certaines villes asiatiques ont déjà quotidiennement les pieds dans l’eau. En outre, le continent abrite plus de la moitié de la population mondiale. Si aucun effort n’est fait pour contrer le réchauffement climatique, le pourcentage de la population mondiale menacée par les inondations risque d’augmenter de façon drastique. Et ce n’est pas encore le pire des scénarios: il est possible que d’ici la fin du siècle, la hausse des températures atteigne 4 degrés Celsius par rapport à la température moyenne au XIXe siècle. Ce qui aurait pour effet d’augmenter le niveau des océans de 6 à 9 mètres !
Une surexposition au danger pour l’Asie
L’étude fournit une liste des agglomérations qui sont confrontées à un risque plus élevé de submersion, que l’objectif de l’accord de Paris soit atteint ou non. Le top 10 comprend 9 villes asiatiques situées en Chine, en Inde, au Vietnam, en Indonésie et au Bangladesh. La Chine, en particulier, figure actuellement parmi les plus gros utilisateurs de centrales électriques au charbon. À noter que ces cinq pays asiatiques ont également la plus forte proportion d’habitants vivant dans des zones à risques.
De leur côté, le Bangladesh et le Vietnam sont les pays où la menace d’inondation est la plus forte. En effet, dans l’éventualité où la température terrestre augmenterait de 2 °C, les zones occupées par plus de la moitié des habitants de ces deux pays se retrouveraient à long terme en dessous du niveau de la mer. Pour les autres régions, les zones bâties seraient dévastées, mais à un degré moindre.
Une étude parmi tant d’autres
Il faut savoir que cette nouvelle étude menée en partenariat avec des chercheurs de l’Université de Princeton et du Potsdam Institute for Climate Impact Research en Allemagne n’est pas la seule à avoir été réalisée récemment pour mettre en exergue la menace que représente la montée du niveau de la mer pour nous les êtres humains, mais aussi pour la faune et la flore. Plusieurs autres avaient déjà mis en garde contre l’imminence de la catastrophe.
C’est le cas d’un rapport publié par le centre de recherche néerlandais Deltares, qui a désigné Jakarta comme la ville la plus susceptible de se noyer le plus rapidement au monde. La capitale indonésienne s’enfonce de 10 cm par an, d’où le projet du gouvernement actuel de créer une nouvelle agglomération sur l’île de Bornéo. Elle est suivie de près par Ho Chi Minh Ville, avec un affaissement annuel de 8 cm.
Des menaces qui pèsent sur le long terme
Mais combien de temps peuvent durer ces menaces pour notre planète ? Alors que de nombreuses estimations actuelles pointent vers la fin du siècle, les scientifiques à l’origine de l’étude sont convaincus que le phénomène se poursuivra au-delà de 2100. C’est tout à fait logique, car même si nous parvenons à limiter nos émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement de l’eau et la fonte des glaces se poursuivront.
L’atmosphère conservera encore pendant plusieurs siècles une partie du CO2 issu de l’activité humaine; il en résultera une hausse des températures et une augmentation du niveau des océans à l’échelle mondiale. Et comme la grande majorité des gouvernements ne semblent pas tenir compte de ce danger qui pèse sur le long terme, il est difficile de ne pas être d’accord avec ces scientifiques.
COP26, notre dernier espoir ?
Entre 1800 et aujourd’hui, il y a eu une augmentation de 50 % de la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Et entre-temps, la température moyenne à la surface de la Terre a augmenté de 1,1 °C. Cela pourrait entraîner une hausse du niveau des mers de 1 ou 2 mètres en un ou deux siècles. Ben Strauss, auteur principal du rapport, et son équipe, recommandent donc d’adopter des mesures encore plus drastiques que celles prévues par l’Accord de Paris lors du prochain sommet sur le climat à Glasgow – COP26.