Lorsque l’on parle de pollution, nous vient à l’esprit celle de l’air que nous respirons. Mais il en existe bien des formes, et selon l’ADEME, des études démontrent que la pollution sonore serait finalement plus néfaste à la santé que la pollution atmosphérique !
Bien entendu, ces effets de la pollution sonore se répercuteraient bien plus sur les citadins, que sur les ruraux. En cause: le bruit assourdissant er parfois incessant des voitures et des deux roues ! Et toujours selon l’ADEME, ces dégâts sur la santé ne seraient pas pris en compte par les autorités. Le rapport estime le coût social du bruit à « 147,1 milliards d’euros par an. Les deux-tiers (66,5%) des coûts sont liés aux transports : le bruit routier représente 54,8% des coûts, le bruit ferroviaire 7,6% et le bruit aérien 4,1% ». Certains estiment donc qu’il est temps de remédier à ce problème.
Une pétition contre le bruit
L’association Ras le Scoot a lancé une pétition à l’attention du président de la République. Celle-ci vise à limiter la pollution sonore des deux roues. Malgré le peu de buzz médiatique, elle recueillait dès le lendemain plus de 20 000 signatures. C’est bien là la preuve que le problème de la pollution sonore existe et empoisonne la vie de nombreux français ! Le bruit est encore perçu comme une nuisance sonore, mais l’enjeu de santé publique est de qualifier désormais de nuisance néfaste à la santé.
Quelques chiffres intéressants
Ce sont 25 millions de français qui, quotidiennement, s’exposent à des bruits nocifs pour leur santé. Les transports routiers, ferroviaires ou aériens sont responsables à 75% des dégâts causés par le bruit; les 25% restant sont attribués aux chantiers, au travail de la personne et au voisinage.
Pour ne pas être dangereux, le bruit d’une route devrait par exemple ne jamais dépasser 53 décibels la journée, et 45 décibels la nuit, alors q’auujourd’hui, selon BruitParif, le périphérique parisien oscille entre 65 et 70 décibels pendant 20% du temps, de jour comme de nuit !
Quelles maladies le bruit peut-il déclencher ?
Comme une évidence, le bruit va d’abord perturber le sommeil qui met la personne dans état de pré-stress. Comme il est très difficile de s’isoler du bruit, lorsqu’il est omniprésent, le cerveau humain va le détourner pour qu’il soit supportable; n’avez-vous jamais entendu quelqu’un qui vit près d’une voie ferrée, dire qu’il « n’entend plus » les trains?
Le cerveau s’habitue, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de conséquences ! Votre sommeil restera perturbé mais vous aurez l’illusion de vous être habitué au bruit. Selon Zorana Jovanovic-Andersen, épidémiologiste de la santé et professeure à l’université de Copenhague, les effets biologiques de cette habitude du cerveau peuvent se traduire par :
- Tension artérielle,
- Augmentation du rythme cardiaque,
- Stress oxydatif,
- Réduction des défenses immunitaires,
- Forte concentration de l’hormone de stress.
L’épidémiologiste explique que le seuil acceptable est de 56 décibels. Une augmentation de 10 décibels augmenterait de 30% les risques d’infarctus du myocarde. Selon l’OMS, l’essentiel des bruits routiers provient d’une très petite quantité de véhicules : deux-roues, camions ou bus thermiques. L’OMS établit bien un lien entre le bruit et certaines maladies ou accidents cardiovasculaires.
Et d’autres conséquences encore
Mais l’épidémiologiste alerte également sur d’autres conséquences du bruit sur la santé. Cela augmenterait le stress, diminuerait le sommeil, jouerait sur l’obésité, les troubles dépressifs, le diabète, et engendrerait des troubles de l’apprentissage chez les enfants surexposés aux bruits.
Pourtant, le gouvernement vient d’annuler le contrôle technique obligatoire sur les deux-roues, forte source de bruits en ville. Les scientifiques pensent que de nouvelles normes devraient imposer des seuils de pollution sonore aux constructeurs. Mais pour cela, il faudrait d’abord que le bruit soit reconnu comme un enjeu de santé publique, et il y a, semble-t-il, encore du chemin à parcourir.