Pourquoi l’herbe de la pampa est interdite en France ? Faut-il l’arracher dans le jardin ?

Entre Port-La-Nouvelle et les ronds-points fleuris, elle semblait inoffensive. Et pourtant, l’herbe de la pampa est sur la liste noire.

J’ai passé mes dernières vacances en Occitanie, et entre la plage de Port-La-Nouvelle et le camping que j’avais choisi, un truc m’a sauté aux yeux : l’herbe de la pampa est partout ! Dans les jardins privés, les ronds-points, les talus… Ces grandes touffes aux plumeaux blancs, c’est presque un décor local. Et, je dois l’avouer, je me suis fait la réflexion : « tiens, ça rendrait bien chez moi, ça… » Mais de retour à la maison, en fouinant un peu, je suis tombé sur une info surprenante : cette plante est interdite en France depuis 2023. Je l’ignorais, alors j’ai cherché à en savoir plus, car mon voisin Tonio me nargue avec son splendide pied au milieu d’un parterre ! Alors, on fait quoi avec ? On arrache ? On déclare ? On brûle tout ? Décryptage.

Depuis quand est-ce qu’on n’a plus le droit d’en avoir ?

Eh bien depuis le 2 mars 2023, pour être précis. Ce jour-là, un arrêté ministériel a été publié pour interdire plusieurs espèces végétales jugées envahissantes dont l’herbe de la pampa, alias Cortaderia selloana. Interdiction de la vendre, d’en acheter, d’en planter, de la transporter… Rien que ça. Et ce, partout en France métropolitaine. C’est fou, parce que si l’on regarde bien, il y en a partout ! Le problème, c’est justement qu’elle pousse trop bien. Et, elle colonise tout sur son passage, au détriment de la biodiversité locale. Bref, une vraie beauté fatale version végétale.

L'herbe de la pampa est considérée comme invasive en France.
Cette plante invasive peut nuire à la biodiversité locale et elle est interdite depuis 2023. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Pourquoi cette interdiction ? Ce n’est « qu’une » plante, non ?

C’est ce que je pensais aussi au début. Et, puis j’ai compris pourquoi elle est considérée comme une espèce invasive. Déjà, elle produit des milliers de graines par pied, qui s’envolent joyeusement au moindre coup de vent. Ensuite, elle étouffe les autres plantes, avec ses grandes feuilles coupantes et ses racines costaudes. Résultat : elle prend la place des espèces locales, perturbe les écosystèmes, et appauvrit la biodiversité. Précisons que c’est une plante originaire d’Amérique du Sud ! Ce n’est pas qu’un caprice administratif, c’est une réelle alerte écologique. Et, moi qui pensais qu’une herbe décorative ne pouvait pas faire de mal… j’ai révisé mon jugement. Quand on sait qu’elle s’installe même dans les zones protégées, comme les dunes ou les bords de rivière, on comprend mieux la sévérité du décret.

Vous en avez déjà une dans votre jardin… Vous devez faire quoi ?

Pas de panique : vous ne risquez pas d’amende simplement parce qu’elle pousse chez vous depuis quelques années. Si elle était là avant l’interdiction de 2023, vous n’êtes pas obligé de la déclarer ni de l’arracher dans l’immédiat. En revanche, il y a quand même quelques précautions à prendre pour éviter qu’elle ne joue les envahisseuses en douce… D’abord, pensez à tailler les plumeaux avant qu’ils ne fleurissent, pour empêcher les graines de s’envoler et d’aller coloniser les jardins voisins ou pire, un espace naturel sensible.

Un parterre d'herbe de la pampa.
Depuis 2023, l’herbe de la pampa est interdite en France, car considérée comme invasive. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Ensuite, ne la replantez pas, ne la divisez pas, et surtout… ne la donnez à personne. Si vous habitez près d’un site protégé ou sensible, il est même recommandé de l’arracher progressivement. Et, vu la taille que ça peut prendre, ça libérera peut-être un peu d’espace pour autre chose. Dernier point essentiel : pas de compostage ! Les racines et graines peuvent survivre. Direction la déchèterie, dans les déchets verts. Et vous ? Avez-vous déjà une herbe de la pampa chez vous… et saviez-vous qu’elle était désormais interdite ? Et, si vous avez repéré une coquille, cliquez ici pour publier un commentaire .

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Nathalie Kleczinski

Passionnée de lecture et d'écriture, il était presque logique que je me tourne vers le métier de rédactrice/journaliste professionnelle. Écrire est une passion, un besoin et une manière de communiquer indispensables. Touche-à-tout de l'écriture, j'aime surtout écrire sur des sujets liés à l'environnement, mais aussi à ceux qui prodiguent des conseils, ou des astuces pour vous aider dans votre quotidien. Je suis une adepte des tests en tous genres, surtout s’ils permettent de créer, de faire des économies, ou d’utiliser des produits recycler ! Je voue également une véritable passion aux animaux et suis très sensible à leur bien-être et aux inventions qui peuvent améliorer leurs quotidiens. En revanche, je peux vite devenir cassante lorsqu’il s’agit de parler de maltraitance. Enfin, j’aime découvrir et faire découvrir de nouvelles inventions, de petites choses qui amélioreront notre quotidien, ou celui des personnes en situation de handicap, autre cause qui me tient à cœur. Bénévole dans une association liée à l’aide aux victimes d’accidents de la route, vous comprendrez aisément que cette cause me touche aussi et que j’estime primordial de mettre en avant tout ce qui peut améliorer cette sécurité routière et empêcher un décès supplémentaire sur la route. Ma devise : Carpe Diem, car la vie est courte, et qu'il faut transformer chaque instant en tranches de bonheur !

8 commentaires

  1. En Alsace, j’ai jamais vue cette plante dans la nature. J’en ai un pied dans notre jardin et je n’ai jamais constaté de repousse ou que ce soit. Y a t-il des regions envahis?

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    1. Bonjour,

      Tout à fait, le littoral atlantique, et plus particulièrement le Sud-Ouest, sont très envahis et concernés par cette problématique. Le littoral méditerranéen est également lourdement impacté. Votre territoire représente ce que l’on appelle un front de colonisation potentiel, c’est-à-dire que, avec le dérèglement climatique progressant, cette plante, grande colonisatrice avec de grandes capacités d’adaptation, sera rapidement capable de proliférer sur un territoire possédant des conditions environnementales moins adaptées à son développement.
      Il est donc très important d’agir sur ces fronts de colonisation afin de réduire l’expansion de cette espèce invasive, tant que cela représente un coût et une logistique très faibles.

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  2. Sauf erreur de ma part, doit être déposé en déchèterie mais dans des sacs en plastique, et non avec les autres déchets verts.

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    1. Bonjour,
      Cela dépend de ce qui est amené en déchetterie. Les inflorescences ou plumeaux, doivent en effet être gérés différemment des plants, lorsque ceux-ci sont traités en période de floraison (de aout à octobre). Durant cette période il est fortement recommandé de couper ces inflorescences, de les placer en sacs hermétiques et de contacter votre déchetterie locale pour connaitre la marche à suivre pour la gestion des Espèces Exotiques Envahissantes de votre localité. Un simple compostage ménager n’est pas efficace pour stopper la capacité de germination des graines. Un projet nommé « 3 semaines pour agir » a été mis en place à ce propos par le Conservatoire d’Espaces Naturels de Nouvelle-Aquitaine, dans le cadre du projet européen de lutte et d’éradication de l’herbe de la pampa sur l’arc atlantique le LIFE COOP CORTADERIA 2023-2028, dont le CEN est animateur pour la Nouvelle Aquitaine.
      Il est dommage de ne pas avoir mentionné ce projet dans l’article d’autant plus qu’il est cité et suivi dans le reportage FR3, et qu’il traite spécifiquement de cette problématique 😉

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  3. Je ne souhaite pas signaler une erreur. Mais juste une incohérence.
    En effet, cette plante est déclarée envahissante. Depuis le 2 mars 2023,on ne peut pas l’acheter ni la planter ni la vendre. C’est bien mais pas complet !
    Le législateur a fait les choses à moitié (ce qui veut dire que le décret ne sert à rien !)
    La plante va continuer à s’étendre partout !
    Il aurait fallu, à mon avis, interdire la plante avec effet rétroactif !
    Combien de propriétaires vont penser à couper les tiges avant floraison ? Aucun !
    C’est ce qui les intéressent!
    On veut éradiquer un truc, mais on ne prend pas les bonnes décisions ni actions.
    C’est comme pour les radars, on limite, on contrôle et on verbalise les contrevenants.
    Pourquoi pas avec les plantes ?
    Pas de contrôle, le français peut continuer à détruire la biodiversité et polluer en toute impunité ! Et ce n’est pas le seul domaine…

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  4. Si je lis bien, même en posséder est risqué : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000047088101

    Est puni de trois ans d’emprisonnement et de 150 000 € d’amende :
    1° Le fait, commis de manière intentionnelle ou par négligence grave, en violation des interdictions ou des prescriptions prévues par les dispositions de l’article L. 411-1 et par les règlements ou les décisions individuelles pris en application de l’article L. 411-2 :
    a) De porter atteinte à la conservation d’espèces animales non domestiques, à l’exception des perturbations intentionnelles ;
    b) De porter atteinte à la conservation d’espèces végétales non cultivées ;
    c) De porter atteinte à la conservation d’habitats naturels ;
    d) De détruire, altérer ou dégrader des sites d’intérêt géologique, notamment les cavités souterraines naturelles ou artificielles, ainsi que de prélever, détruire ou dégrader des fossiles, minéraux et concrétions présents sur ces sites.

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