A la suite du rapport alarmiste du GIEC paru le 9 août dernier, plusieurs questions se posent quant à l’avenir de certains de nos fleuves. C’est le cas du Rhône, fleuve du Sud de la France, qui prend sa source en Suisse pour se jeter dans le delta de Camargue, en Mer Méditerranée.
Et ce magnifique fleuve inquiète les scientifiques ! Dans une interview accordée au journal ActuLyon, Eric Sauquet, directeur de recherche en hydrologie à l’INRAE (Institut national de la recherche agronomique) tente d’expliquer pourquoi les eaux du fleuve baissent… Et quels seront les impacts sur les populations. Décryptage.
Le débit du fleuve diminué
En termes de débit, le Rhône est le fleuve le plus puissant de France, et selon Eric Sauquet, il pourrait perdre jusqu’à 40% de son débit dans les 30 années qui viennent ! Le Rhône possède un régime hydraulique assez complexe. En effet, il part des glaciers suisses, traverse différents cours d’eau puis se jette dans la Méditerranée.
Les rivières qu’il traverse sont bien différentes les unes des autres. Si la Saône est plutôt tranquille, l’Isère dépend de la fonte des neiges et est donc plus active… Quant aux autres cours d’eau, ce sont ceux des Cévennes, une région réputée pour des cours d’eau parfois très dynamiques. Selon le climatologue donc, le réchauffement climatique n’aura pas le même impact selon la position géographique du fleuve.
D’autre part, le Rhône est un fleuve anthropique, il est donc conditionné par l’humain. Et ce sont les différents barrages qui jonchent son parcours qui permettent de moduler l’afflux d’eau, notamment lors de la fonte des neiges. Ce qui permet en aval, d’adapter également le débit pour l’irrigation des cultures qui l’entourent.
Mais alors que va devenir le Rhône ?
Pour le spécialiste, dans un premier temps, le réchauffement climatique fera augmenter la température et par conséquent, la fonte des neiges et glaciers. L’eau de ces phénomènes viendra donc rejoindre le Rhône augmentant son débit. Dans un second temps, les glaciers disparaîtront et plus aucun apport supplémentaire en eau ne viendra gonfler les eaux du Rhône. Ce qui, par conséquent, entraînera une baisse conséquente du débit du fleuve.
Quelles conséquences locales de ce phénomène climatique ?
Dans la mesure où les barrages du Rhône fournissent de l’énergie, ils seront évidemment moins productifs. Les barrages du fleuve ne stockent pas d’eau, ils dépendent uniquement du débit fluvial. Quant au trafic fluvial, il se pourrait dans le pire des cas, qu’il soit complétement interrompu pendant les mois d’été. Le dernier point impactant les populations sera la qualité de l’eau… Puisque le débit baisse, la capacité de dilution baisse aussi. Les eaux du Rhône devront donc subir plus de traitements pour rester potables.
Comment empêcher ce scénario ?
Difficile de prédire avec exactitude du devenir des eaux du Rhône, cependant il faudrait mettre en place rapidement des actions. Ces actions existent déjà par l’intermédiaire du PNAC 2 (Plan National d’Adaptation au Changement Climatique).
Lutter contre le gaspillage de l’eau, prendre en compte les émissions de gaz à effet de serre sont quelques pistes à respecter scrupuleusement pour éviter cette pénurie annoncée. N’oublions pas que si le débit du fleuve baisse autant en si peu de temps, la biodiversité sera également menacée aux alentours du Rhône… C’est tout un écosystème qui pourrait donc être en danger !