Savez-vous ce qu’est la fluoxétine ? Il s’agit d’un psychoactif très célèbre qui se trouve dans le médicament Prozac. Ceux qui ont déjà flirté avec la dépression savent qu’il s’agit d’un médicament conçu pour lutter contre cette maladie.
Le Prozac a été lancé aux Etats-Unis en 1988 et est devenu un médicament générique en 2001. Actuellement, le Prozac s’inscrit parmi les médicaments sous ordonnance les plus vendus dans le monde, à raison de 25 millions de prescription aux Etats-Unis rien qu’en 2018.
Nous rejetons une partie de nos médicaments dans les océans du monde
Autre information qui a son importance, savez-vous que la plupart des médicaments pharmaceutiques ne sont que partiellement absorbés par notre organisme ? Les antidépresseurs comme le Prozac, qui contient de la fluoxétine, en font partie. Ce que le corps n’absorbe pas se retrouve ainsi éjecté dans les toilettes, qui passe ensuite par les égouts.
Par la suite, tout ce que les usines de traitement et d’assainissement des eaux usées ne peuvent pas traiter finit par être rejeté dans l’océan et, comme le dit Science Alert, est « involontairement prescrit en masse à la faune marine qui y vit ». Mais à quel point cette exposition des espèces maritimes à nos médicaments est-elle grave ? Une équipe de scientifiques dirigée par l’écologiste évolutionniste Giovanni Polverino de l’Université d’Australie occidentale, a voulu y répondre.
Les poissons sous psychoactifs perdent leur individualité
Dans leur étude, parue dans Proceedings of The Royal Society B, les scientifiques déclarent qu’ils ont observé le comportement de plusieurs générations de guppys, une espèce de poisson d’eau douce, qui ont été soumis à des concentrations de fluoxétine à faible niveau et à niveau élevé en laboratoire pour avoir un aperçu des comportements des poissons vivant dans des conditions similaires dans les océans.
Le résultat de leur étude a été sans équivoque : les poissons perdaient progressivement leur individualité selon le niveau d’exposition au psychoactif. De plus, ces poissons auraient également commencé à agir de la même manière. Si ce constat préoccupe les scientifiques, c’est parce que sur le long terme, cela pourrait mettre en péril la population des espèces marines en ce qu’elles perdent leur instinct de survie et mettre en danger leur capacité de reproduction et leur diversité génétique.
A terme, les antidépresseurs pourraient nuire à la reproduction et la survie des espèces maritimes
Poliverino affirme effectivement que « pour que les populations de poissons prospèrent face aux changements environnementaux, les membres d’un groupe doivent se comporter différemment les uns des autres ». Pourtant, souligne-t-il, l’étude a démontré que l’exposition à la fluoxétine érode cette diversité comportementale.
Les scientifiques concluent ainsi en déclarant que « les effets collatéraux des polluants psychoactifs sur la faune sont de plus en plus préoccupants » mais il faudra probablement d’autres études, plus larges et de plus longues durées pour déterminer à quel point la situation est grave. En tout cas, nous savons maintenant que nos médicaments constituent une autre menace d’envergure pour les espèces maritimes, en plus des autres causes de pollution des océans.