Les programmes de reforestation se multiplient et, de prime abord, nous avons envie de dire que c’est formidable… 350 millions en 24 h en Ethiopie, un milliard d’arbres pour l’Australie d’ici 2050… Des chiffres astronomiques que l’on applaudit ! Redonner ses droits à la forêt est une priorité dans le monde.
On sait combien la forêt est précieuse, autant pour la biodiversité, la faune que pour le stockage du dioxyde de carbone… Nous ne pouvons pas vivre sans poumon vert ! Pourtant, deux études parues dans la revue Nature Sustainability temporisent l’engouement de la reforestation. Il faut reboiser les forêts c’est une certitude, mais encore faut-il le faire intelligemment !
Deux projets ont été passés au crible par les scientifiques : le Chili et le nord de la Chine. Ils concluent que si les plantations ne sont pas réalisées dans de bonnes conditions, cela peut avoir un effet final néfaste sur l’environnement.
Au Chili :
Dans les années 70, le gouvernement chilien publiait un décret encourageant les propriétaires terriens à planter des arbres. Et ce, pour lutter contre l’érosion des sols. La loi interdisait notamment d’utiliser les fonds versés pour utiliser des terres déjà plantées. Mais cette loi a été contournée et de nombreuses forêts naturelles sont devenues des plantations. Les plantations ont donc réduit les espaces de forêts naturelles et appauvri les sols en carbone, entraînant par la même occasion une perte de la biodiversité. Les habitats naturels de la faune ont été remplacé par des plantations « alimentaires ».
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En Chine :
Le gouvernement mène depuis quelques années d’énormes campagnes de reforestation dans le Nord de la Chine. Les scientifiques ont récolté des milliers d’échantillons de sol sur plus 600 parcelles. Les sols reboisés montrent une faible concentration en carbone. Quant à ceux riches en carbone, ils perdent de la densité. La capture du carbone serait donc fortement impactée. Le constat est donc le même qu’au Chili, « reforester » ne veut pas dire augmenter les plantations. Selon Anping Chen, responsable de l’étude, mieux vaut une régénération de forêt naturelle que de nouvelles plantations.
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90% des sapins plantés par la Turquie n’ont pas résisté à la sécheresse
En quelques mois, 90% des sapins plantés par la Turquie sont morts à cause de la sécheresse. « Nous avions signalé que les conditions n’étaient pas adaptées (…) qu’il n’y avait pas assez de précipitations et qu’il n’était pas souhaitable de mener une telle campagne juste pour entrer dans le Guinness des Records ». expliquait Şükrü Durmuş, président du Syndicat de l’agriculture et des forêts dans le journal Cumhuriyet.
Lorsque qu’un programme de reforestation voit le jour, il faut donc qu’il soit pensé et que les forêts naturelles soient privilégiées. Il faut donc étudier les espèces végétales et les essences qui apportent un bénéfice au sol et ne pas planter à outrance. Pour les scientifiques, cela ne représente aucun intérêt écologique !