Avec une altitude maximale estimée à 2.4 m, les Maldives sont le pays le plus bas et le plus plat au monde. Saviez-vous que les experts prévoient leur disparition au cours du XXI siècle ?
En effet, la république sera rayée de la carte, engloutit progressivement par les eaux, comme l’ont déjà été une vingtaine des îles qui la composent lors du tsunami en 2004. La cause ? Le réchauffement climatique qui provoque la fonte des glaciers entraînant à son tour l’élévation du niveau de la mer.
Zaria Forman, artiste américaine, s’est intéressée à cette question qui a une résonance particulière pour elle. Enfant Zaria accompagnait sa mère, Rena Bass Forman, photographe et amoureuse de la nature, dans les espaces les plus reculés et les plus sauvages de la planète. Elle découvre l’Afrique du Nord perchée sur le dos d’un chameau ou encore les abords du Pôle nord menée par des chiens de traîneaux.
Fort de ses nombreux voyages, elle développe un attachement à la nature qui l’a poussé aujourd’hui à exprimer l’urgence du réchauffement climatique. Elle s’inspire des clichés tirés de ses périples, mais aussi de ses souvenirs pour réaliser d’époustouflants pastels d’icebergs et de vagues.
Avec pour seul et unique outil ses doigts, Zaria recrée avec un réalisme fou les grands glaciers du Groenland. Sa technique proche de la perfection accouche de créations qui procurent un émerveillement constant.
Mais atteindre un tel niveau de perfection n’est pas sans sacrifice. Il faut compter entre 200 et 250 heures de travail pour réaliser une seule pièce. Pourtant, l’artiste considère ce long processus comme méditatif. Dessiner lui tranquillise l’esprit. Durant cette phase, elle ne perçoit plus ce qu’elle créée comme de la glace ou de l’eau mais comme une image dépouillée à la forme la plus basique ne laissant que la couleur et la matière. Ce n’est qu’une fois l´œuvre terminée qu’elle peut enfin expérimenter toute sa mesure. Ce n’est qu’une fois le dessin achevé qu’elle découvre l’iceberg flottant à travers l’eau vitreuse ou une vague formant de la mousse.
Loin d’être un choix hasardeux, la jeune femme a conscience de l’effet que peut créer l’art sur le public. La psychologie comportementale nous apprend que nous agissons et prenons des décisions en nous basant surtout sur nos émotions. Et des études ont montré que l’art impacte nos émotions plus efficacement que des informations effrayantes.
Selon elle, peindre la beauté des paysages aide le public à tomber amoureux de la nature, à s’y connecter et à mieux la comprendre en ces temps de crise écologique. L’idée n’est pas de faire culpabiliser le spectateur, mais bien au contraire de créer une réelle connexion émotionnelle entre la nature et lui.
Peut-être que si les gens ont l’occasion d’expérimenter ces sublimes paysages, ils auront envie de les protéger et de les préserver. Il est important de croire dans le fait que des petites actions peuvent faire la différence, qu’elles comptent. Le travail que je fais ne va pas résoudre la crise climatique, mais j’espère que cela l’aidera, que cela jouera un rôle, aussi petit soit-il. Nous sommes tous ensemble sur cette planète et il est important de faire tout ce qui est en notre pouvoir durant notre vie. Zaria explique que toute la difficulté est de trouver l’équilibre entre dessiner la beauté de ces paysages et représenter les aspects négatifs de ce qui est en train de leur arriver.
Porté par son engagement et une promesse faite à sa mère, l’américaine mène en 2012 l’expédition « Chasing the Ligth » (À la poursuite de la lumière). Elle remonte la côte nord-est du Groenland afin de retracer le parcours qu’avait réalisé le peintre William Bradford en 1869. L’artiste prend bien soin de capter les changements qui s’opèrent dans ce paysage arctique, afin de les restituer dans ses futures réalisations. Sa mère, Rena, était à l’origine de cette expédition, malheureusement une tumeur au cerveau l’entraîna dans un voyage bien plus funeste…Zaria rendit hommage à sa mère en dispersant ses cendres durant cet ultime périple au Groenland.
…j’ai éparpillé les cendres de ma mère sur la glace fondante. Elle fait désormais partie du paysage qu’elle aimait tant.
L’année suivante la jeune femme se rend aux Maldives, pays très concerné par le dérèglement climatique. Là-bas elle décide de photographier et de dessiner les mêmes modifications dramatiques qui ont lieu dans ces îles à cause de la montée des eaux.
Espérons que toute l’énergie créatrice que met Zara dans cette démarche de préservation de la planète aura l’impact escompté sur les esprits.
Dans la même veine je vous invite à découvrir les fabuleuses animations de Mickael Gustafsson, illustrateur suédois qui rend hommage à la nature de son pays.
Sources : zariaforman.com / esimages2renata.com / journal-du-design.fr / ted.com