Après le serpent Fer de Lance qui permettra bientôt de fabriquer une colle chirurgicale à base de venin, découvrons ce que l’araignée à entonnoir (Atrax robustus), originaire d’Australie et dont la morsure pourrait être mortelle pour l’homme, pourrait nous apporter.
Même si cela peut paraître étrange, ces araignées parfois appelées « araignées sauteuses » pourraient sauver la vie de certaines victimes de crises cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux ou de certains mélanomes. Le venin salvateur de l’araignée entonnoir viendrait d’une protéine qu’il contient, qui permettrait de créer un médicament vital en cas de crise cardiaque, et on vous explique pourquoi.
La crise cardiaque c’est quoi ?
L’infarctus menacerait 200 000 personnes chaque année en France, et en tuerait environ 120 000. La crise cardiaque provient du blocage brutal de l’artère coronaire par un caillot de sang (qui lui se forme sur une certaine durée), empêchant ainsi le sang d’alimenter le cœur. Le symptôme principal qui annonce une crise cardiaque est souvent une douleur dans la poitrine qui irradie jusqu’au bras gauche.
On peut également ressentir un mal-être avec essoufflement, poitrine serrée et parfois nausées ou vomissements. Il faut appeler les secours au moindre doute, car au-delà de 5 minutes, une crise cardiaque peut provoquer des dommages irréversibles au cerveau qui n’est plus oxygéné, et peut même être fatale.
C’est quoi le « signal de mort » ?
Après une crise cardiaque, le flux sanguin qui va vers le cœur se trouve réduit. Cela entraîne un manque d’oxygène dans le cœur. Le manque d’oxygène acidifie les cellules et envoie l’ordre de mourir à ces cellules: c’est l’apoptose, également appelé mort cellulaire programmée.
Le venin d’araignée aurait pour effet de bloquer les canaux ioniques sensibles aux acides, et donc l’ordre de mort cellulaire. Apparemment, aucun autre médicament au monde n’est capable de provoquer cet effet. Glenn King, chercheur en médecine cardiaque et responsable de l’étude explique que ce médicament pourrait être administré par les « premiers secours », réduisant ainsi la prise en charge une fois le patient hospitalisé, tout en diminuant le risque de séquelles irréversibles.
Et le venin de l’araignée entonnoir alors ?
Le venin de l’araignée contient une protéine qui peut donc empêcher l’apoptose: la protéine Hi1a. Une étude de l’Université australienne du Queensland révèle que celle-ci permettrait d’éviter les lésions cérébrales en cas de crise cardiaque, et ce, même si elle est administrée jusqu’à 8 heures après le début de l’infarctus.
Cependant, la protéine ne permettrait pas de prévenir d’une crise cardiaque, ni même de réanimer le patient, mais en l’administrant à une victime, le venin protégerait le cerveau de la non-oxygénation.
Le venin d’araignée aiderait aussi pour les greffes !
Outre son utilité dans la prise en charge des crises cardiaques, le venin d’araignée permettrait également de gagner du temps lors de greffes cardiaques: elle offrirait ainsi un délai supplémentaire au transport du greffon, qui est un cœur prélevé qui cesse de battre le temps du transport, et qu’il faut faire repartir dans le corps du patient greffé.
Le prochain objectif des chercheurs australiens sera de réaliser des tests cliniques sur l’Homme; iils espèrent pouvoir proposer le médicament à base de venin d’araignée entonnoir d’ici deux ou trois ans. Les araignées sont peut-être mortelles mais apparemment elles pourraient également sauver des vies !