Avec la prédominance du photovoltaïque et de l’éolien dans le domaine de la production d’énergie renouvelable, sans parler de notre dépendance aux appareils électroniques portables, le recours aux batteries est inévitable. Or, les modèles disponibles actuellement sur le marché sont loin d’être respectueux de l’environnement. Leur fabrication nécessite l’utilisation de matières issues directement du milieu naturel. À cela s’ajoute le fait que leur recyclage continue d’être un défi de taille en raison du processus lui-même et du coût que cela implique. Chaque année, le nombre des accumulateurs miniatures incinérés dépasse ainsi facilement les 10 milliards. « Des milliards de piles sont jetées chaque année. Les batteries conventionnelles contiennent souvent des matériaux toxiques, des métaux et des électrolytes dangereux. Avec 97 % des batteries finissant en décharge ou incinérées, les biopiles BeFC sont une source d’énergie biodégradable qui contribue à protéger l’environnement. », explique l’entreprise sur son site officiel.
Conçu pendant plusieurs décennies
Face à cette réalité pour le moins complexe, la jeune entreprise française BeFC (Bioenzymatic Fuel Cells) a décidé de prendre le taureau par les cornes en concevant une cellule en papier qui, en plus d’être facile à dimensionner et à recycler, peut prendre la forme voulue. Au vu de sa taille, cette batterie mise au point par Jules Hammond et ses collègues servira principalement pour alimenter les dispositifs électroniques de faible puissance. BeFC prévoit notamment une utilisation dans les appareils IoT et certains dispositifs médicaux jetables. Il faut savoir que cet accumulateur miniature de la start-up grenobloise est le fruit de quatre décennies de recherches menées par Serge Cosnier.
« Une myriade d’applications »
La solution a été développée au sein du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Une vingtaine de collaborateurs travaillent actuellement sur le projet, lequel est dirigé par l’expert en papier Jean-Francis Bloch. Ce dernier officie donc en tant que directeur général de BeFC. D’après lui, l’innovation que lui et son équipe apportent promet « une myriade d’applications, cela dans tous les secteurs ». La batterie en papier de taille minuscule devrait entrer en production de masse dès l’année prochaine, et ce, grâce à une levée de fonds qui a permis à l’entreprise de récolter près de 3 millions d’euros.
De multiples récompenses
Pour faciliter l’atteinte de ses objectifs, la start-up française a noué un partenariat avec un certain nombre d’industriels. Parmi eux, il est possible de mentionner la filiale de Vinci, Actemium, qui s’est chargée de la conception d’une machine qui permettra de produire un millier de cellules par jour. Mais BeFC vise encore plus loin: grâce à une collaboration avec Dorey Converting System (DCS), elle devrait bientôt avoir à sa disposition une infrastructure capable de produire jusqu’à un million de batteries par jour. Labellisée Solar Impulse, la jeune entreprise a été récompensée à plusieurs reprises pour son innovation, notamment lors des CES 2020/2021/2022 et du MIT Global Startup Workshop. Elle a aussi déjà gagné le prix EDF Pulse.