Dans notre langue française, il existe un mot que l’on commence à utiliser de plus en plus, mais dont on ne mesure pas tout le sens. Ce mot, c’est « biochar », un charbon végétal, qui aurait l’étonnante faculté d’emprisonner le CO₂ pendant des siècles. En Allemagne, près de la ville de Hambourg, une usine fabrique un biochar d’un nouveau genre : à base de cacao. Depuis quelque temps, si vous visitez Hambourg, vous humerez une délicieuse odeur de chocolat, mais il ne se mange pas ! Le biochar fabriqué se destine aux agriculteurs de la région comme fertilisant, pour leurs exploitations. Mais qu’est-ce que le biochar ? Pourquoi est-il un élément important dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Explications.
Le biochar, qu’est-ce que c’est exactement ?
Le biochar est un charbon végétal obtenu à partir de la pyrolyse de biomasse telle que la matière organique végétale ou animale. La pyrolyse est un processus de chauffage de la biomasse en l’absence d’oxygène. Ce qui conduit à la décomposition thermique de la matière organique en libérant des gaz et en laissant un résidu solide appelé biochar. Le biochar est caractérisé par sa structure poreuse et sa teneur élevée en carbone. Il peut être utilisé comme amendement du sol pour améliorer la fertilité, la rétention d’eau, la structure et la biodiversité microbiologique du sol.
De plus, le biochar est considéré comme une forme de stockage du carbone durable, car il peut rester stable dans le sol pendant des centaines d’années. Son utilisation peut contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la lutte contre le changement climatique. Selon le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), le biochar procure la possibilité de stocker, de manière notable, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) à grande échelle. Il est estimé que le biochar pourrait potentiellement stocker environ 2,6 milliards de tonnes de CO₂ chaque année sur les 40 milliards de tonnes émises par l’activité humaine.
Le biochar, un défi pour l’avenir de la planète ?
Comme nous vous l’avons dit, le biochar serait capable de stocker de grandes quantités de CO₂. Cependant, il reste un défi à relever, celui de sa massification, car nous renversons le cycle du carbone, explique Peik Stenlund, PDG de Circular Carbon, l’entreprise qui produit le biochar cacao en Allemagne. Dans l’usine de Hambourg, un système de tuyaux gris achemine les coques de cacao, qui sont des déchets de production provenant d’une usine voisine appartenant à une multinationale du chocolat.
Ces coques de cacao sont soumises à un processus de pyrolyse, une technique de chauffage à plus de 600 degrés en l’absence d’oxygène, dans le but d’éviter leur combustion. Cette pyrolyse permet d’obtenir du biochar, une poudre noire qui emprisonne le dioxyde de carbone (CO2) contenu dans les coques de cacao. Sans ce procédé, le carbone présent dans ces résidus, qui n’est pas utilisé par l’industrie, se serait dissipé dans l’atmosphère lors de leur décomposition, contribuant ainsi au réchauffement climatique. Cette méthode de production de biochar peut être appliquée à n’importe quelle plante ou végétal. Un procédé qui offre une solution potentiellement universelle pour la captation et la réduction des émissions de CO₂.
Qui a inventé le biochar ?
Dans la mesure où c’est un produit naturel, vous imaginez bien que cette invention n’est pas nouvelle. Les civilisations précolombiennes ont été parmi les premières à utiliser le biochar comme amendement du sol. Cette pratique, connue sous le nom de terra preta, consistait à brûler des biomasses végétales dans un environnement pauvre en oxygène pour produire du charbon de bois, qui était ensuite mélangé au sol pour améliorer sa fertilité. Des scientifiques se sont de nouveau intéressés à cette matière au siècle dernier, pour en faire une matière de demain.