Les pellets à brûler sont devenus, cette année, l’objet de toutes les convoitises… En France, comme partout dans le monde, ces petits granulés de bois connaissent une augmentation des prix sans précédent. Alors que le pellet de bois coûtait moins de 300 € la tonne en 2021, aujourd’hui, il est possible de les trouver à 800 € pour la même quantité. Guerre en Ukraine, inflation, problèmes d’approvisionnement, crise sanitaire, pénurie de matières premières et de pièces électroniques pour les machines, tous ces facteurs ont fait du granulé de bois, une denrée rare et chère cette année. On a vu que certaines entreprises proposaient déjà des alternatives aux pellets de bois, avec le chanvre, le lin ou les noyaux d’olives. En Corée du Sud, deux entreprises, EWP et Jinenertech lancent un projet conjoint pour transformer les déchets de culture de paprika en pellets.
Le paprika, nouvelle matière première pour le pellet ?
Le paprika ou piment doux est cette épice que l’on ajoute dans nos plats et qui donne un goût légèrement épicé, teintant vos préparations d’un splendide rouge orangé… Les piments et les poivrons dont est issu le paprika (séchés et moulus), poussent évidemment sur des tiges, qui ne sont pas encore revalorisées dans les pays qui les cultivent. Jinenertech, une entreprise de technologie environnementale qui convertit les boues d’épuration en granulés, a lancé un projet conjoint de biomasse avec une entreprise publique de production d’électricité en Corée du Sud. L’objectif est de transformer les déchets du milieu de culture du paprika en granulés qui seront utilisés comme combustible pour la production d’électricité.
Comment sont fabriqués les pellets de bois ?
Les pellets sont des biocarburants fabriqués à partir de matières organiques compressées ou de biomasse. Les granulés de bois sont donc fabriqués depuis de la sciure de bois et d’autres déchets industriels connexes, comme les copeaux par exemple. Les autres déchets pouvant servir à fabriquer du pellet sont les grappes de fruits vides, les coques des fruits du palmier, les noix de coco, mais également les cimes ou branches rejetées lors des opérations d’exploitation forestière. La filiale de Jinenertech produira des pellets pour la Korea East-West Power Company (EWP), à base de tourbe de coco utilisée comme milieu de culture dans les fermes de paprika sud-coréennes. La tourbe de coco qui est utilisée dans les cultures comme substrat pour les plantes ou pour les cultures en conteneur est un matériau idéal pour fabriquer de nouveaux combustibles.
Pourquoi cette nouvelle filiale en Indonésie ?
L’Indonésie importe massivement des granulés de bois qui est le principal combustible utilisé pour la production d’électricité mixte par bioénergie. Le pays souhaite donc trouver un moyen d’être moins dépendant d’autres pays en matière de combustible… Le PDG d’EWP, Kim Yung-moon, dont l’entreprise produit déjà des pellets à base de champignons, explique : « Nous allons faire des efforts pour revitaliser l’industrie nationale des biocarburants et contribuer à la création de nouveaux emplois en établissant un cycle vertueux de biocarburants à base de milieu de culture de déchets de paprika ». Le gouvernement de Séoul a encouragé les entreprises à adopter des énergies propres, dans le cadre des efforts visant à atteindre l’objectif « zéro carbone » d’ici à 2050. Les pellets issus des déchets de culture du chanvre ou du paprika pourraient-ils devenir une alternative durable et moins chère aux pellets de bois pour l’Indonésie ? Cela permettrait aussi aux pays producteurs d’exporter leurs pellets partout dans le monde, et par conséquent, de faire baisser le prix des granulés de bois, non ?