La nature inspire la science et cache encore bien des mystères que les scientifiques cherchent à percer. Dans un précédent article consacré aux allume-feux écologiques, nous vous parlions d’un champignon, l’amadouvier, qui est souvent utilisé en remplacement des allume-feux chimiques. Ce champignon, commun dans nos campagnes, pousse sur les troncs des arbres et peut atteindre 50 cm de diamètres. Ce dernier est plutôt considéré comme un parasite d’un point de vue strictement forestier, aurait une réelle utilité dans bien d’autres domaines. Le fomes fomentarius, ou Amadouvier, était déjà utilisé par les hommes préhistoriques pour faire démarrer un feu, mais ils l’utilisaient aussi pour cautériser une plaie ou en guise de pansement. Selon certains scientifiques, l’amadouvier pourrait avoir une autre utilité : celle de remplacer le plastique dans l’industrie. Découverte.
Les biomatériaux au secours de la planète ?
Une équipe de chercheurs allemands, Finlandais et Néerlandais, étudient depuis quelque temps la structure complexe de l’amadouvier, comme ils le décrivent dans un rapport publié sur Science Advances. Ils envisagent même d’utiliser l’amadouvier pour fabriquer un biomatériau capable de surpasser les matériaux actuels. Depuis quelques années déjà, les scientifiques s’intéressent beaucoup aux biomatériaux, et en particulier aux champignons. Les biomatériaux sont donc des matériaux conçus à partir de matière organique. Ils sont biodégradables par nature et nécessitent moins de dioxyde de carbone pour les fabriquer. À l’évidence, ils présentent un intérêt écologique et économique et une alternative aux matériaux polluants. C’est le cas dans l’industrie textile, dans l’agroalimentaire ou dans la construction, avec le béton de chanvre par exemple.
Pourquoi l’amadouvier intéresse les scientifiques ?
Selon les chercheurs qui ont étudié la structure complexe du champignon. Celui-ci dispose d’une structure en trois couches qui possèdent chacune différentes propriétés. Les scientifiques ont étudié chaque couche avec différentes méthodes, comme la microtomographie (retranscription d’image en 3D grâce aux rayons X) ou la cristallographie. Ils ont ainsi identifié trois couches qui forment le basidiome, qui est aussi la partie visible du champignon.
La première couche, la croûte peu poreuse et dense, puis la couche mousseuse ou chair et la couche molle. La couche constituée de structures tubulaires creuses orientés parallèlement, comme le relate l’article publié à ce sujet sur le site Science et Avenir. Chaque couche a ensuite été étudiée afin de connaître ses propriétés mécaniques. Par exemple, la dernière couche, celle constituée de tubes creux, aurait des propriétés mécaniques semblables à celle du pin, du cuir ou du contreplaqué en termes de résistance.
Comment pourrait-on utiliser l’amadouvier à l’avenir ?
La structure complexe de l’amadouvier permettrait de concevoir des matériaux que nous utilisons quotidiennement. « Les basidiomes de l’amadouvier sont ingénieusement légers, de composition simple, mais performants » expliquent les chercheurs. Un autre avantage de ce champignon est que sa croissance peut être dirigée vers une structure plus ou moins complexe capable d’adopter les fonctions souhaitées. D’autant plus que ses couches aux propriétés différentes permettent de multiples applications. En réalité, les chercheurs pensent que leurs recherches pourraient aider les ingénieurs à développer des nanocomposants ou des polysaccharides (matériaux fabriqués à partir de glucides). Le champignon peut aussi être utilisé en ingénierie tissulaire dans le domaine médical ou pour fabriquer des implants orthopédiques, et ainsi remplacer certains plastiques polluants. La nature n’a pas fini de nous étonner, non ?