Chaque jour, des milliers d’avions de ligne dotés de turbosoufflantes assurent des vols commerciaux réguliers dans le monde. Si une perte de puissance survient, les pilotes peuvent généralement recourir au groupe auxiliaire de puissance (APU) de l’appareil. Cependant, il peut également arriver que cet APU tombe lui aussi en panne. C’est dans ces circonstances qu’une turbine de secours (Ram Air Turbine ou RAT) intervient. Dans cet article, voyons comment fonctionne cette technologie étonnante.
Comment fonctionne la turbine « RAT »
La turbine est constituée d’un petit propulseur auxiliaire que l’avion peut utiliser pour retrouver un peu de puissance électrique et faire fonctionner certains appareils électroniques. Mais comment fonctionne-t-elle exactement ? La turbine génère de l’énergie grâce au courant d’air. Ce dernier passe à travers l’équipement lors du vol, permettant ainsi sa rotation comme le ferait une éolienne. Il est possible de relier ce dispositif à un générateur ou encore à une pompe hydraulique. De cette manière, il est en mesure de contribuer à l’alimentation du système électrique et du système de contrôle de l’avion.
Ce type de turbine fait environ 80 cm de large. Elle est capable de produire une puissance allant de 5 à 70 kW en cas d’urgence. D’après Skybrary, une RAT doit être logée dans un compartiment situé dans le fuselage ou les ailes d’un avion. Son fonctionnement suit le principe de la pression dynamique. Ce dispositif peut donc générer une certaine quantité d’énergie selon la vitesse de l’avion. Plus la vitesse de l’appareil augmente, plus la puissance produite par la RAT est importante. Notons que la turbine doit avoir une taille correspondant à celle de l’avion sur lequel elle est installée. Il n’est donc pas étonnant de constater que l’Airbus A380, un des avions de ligne les plus modernes et imposants, soit équipé d’une des plus grandes RAT existantes.
L’incident « Gimli Glider » durant lequel la RAT avait été sollicitée
En cas d’incident, la turbine est déployée en vue de fournir à l’avion une alimentation de secours. D’après Collins Aerospace, ce dispositif a permis de sauver près de 1 700 passagers lors des seize incidents documentés. Le cas du vol 143 d’Air Canada en 1983 figure parmi les plus connus. L’incident qui a touché un Boeing 767 était dû à une panne de carburant survenue entre Montréal et Edmonton. Heureusement, l’avion a pu descendre à une altitude de 41 000 pieds en planant et a réussi à atterrir à la station de l’ARC de Gimli située au Manitoba. C’est pour cette raison que l’on surnomme cet incident « Gimli Glider » ou « planeur de Gimli ». Malgré la situation tragique, tous les 69 passagers et membres d’équipage ont survécu. Seuls dix blessés légers ont été recensés.
Les célèbres incidents au cours desquels la RAT a été déployé au 21ᵉ siècle
En 2021, lors de l’incident impliquant le vol 236 d’Air Transat, les pilotes ont employé la turbine pour faire atterrir en urgence l’Airbus A330. L’avion est descendu en planeur sur plus de 160 km suite à une panne de carburant survenue au-dessus de l’océan Atlantique. L’appareil a finalement atterri à l’aéroport de Lajes, aux Açores. Parmi les 306 passagers et membres d’équipage, 18 blessés seulement ont été enregistrés.
Divers autres incidents tels que des impacts d’oiseaux peuvent également causer une perte de puissance d’un avion. Le cas du vol 1549 d’US Airways en 2009 est l’un des plus connus. En effet, l’Airbus A320 a heurté une volée d’oies qui a entraîné une perte complète de puissance. Avec bravoure et persévérance, les pilotes Chesley Sullenberger et Jeffrey Skiles ont fait amerrir l’appareil sur le fleuve Hudson en utilisant la turbine de secours. Cet incident est aussi connu sous le nom de « Miracle on Hudson » dont le film Sully (avec Tom Hanks) est inspiré. Plus d’informations : simpleflying.com