Le marché mondial du caoutchouc est largement menacé par les maladies foliaires qui se propagent en Asie. Il faut savoir que le continent asiatique assure depuis des décennies la plus grande part de l’approvisionnement mondial en latex, lequel est nécessaire à la production du caoutchouc. Pour la professeure Katrina Cornish de l’Université d’État de l’Ohio, cette contamination des cultures doit être prise au sérieux, car les conséquences d’une éventuelle baisse de l’exportation de caoutchouc de l’Asie du Sud-Est désastreuses. En collaboration avec d’autres chercheurs, l’experte en horticulture et en sciences des cultures a inventé des techniques pour augmenter le rendement en latex de deux sources végétales durables qui poussent en Amérique du Nord : le pissenlit Taraxacum kok-saghyz (TK) et l’arbuste guayule.
Un processus innovant
En effet, contrairement aux arbres tropicaux tels que figuier à caoutchouc (Ficus elastica), le pissenlit TK et l’arbuste guayule nécessitent des méthodes d’extraction particulières pour produire du latex. L’équipe a même utilisé des floculants afin d’augmenter le taux de production et de réduire les cycles de lavage. Concrètement, la méthode mise au point par les chercheurs consiste à broyer l’écorce de l’arbuste de guayule dans un « milk-shake » pour ouvrir ses cellules et libérer les particules de latex. La substance obtenue est ensuite lavée et essorée dans une centrifugeuse afin de séparer le latex des autres particules présentes dans le mélange.
Une technique plus efficace et plus propre
Le groupe de recherche a découvert que l’ajout d’un agent crémeux pouvait multiplier par 12 la quantité de latex générée par le processus d’extraction. Ce qui distingue le latex issu de l’arbuste guayule, c’est sa résistance plus élevée et sa meilleure élasticité par rapport aux polymères connus. Ces particularités permettent de le mélanger avec d’autres substances lors de l’extraction sans pour autant nuire à ses propriétés. « En ajoutant des floculants, l’extraction au latex est plus efficace et plus propre », a déclaré Beenish Saba, chercheur postdoctoral en génie alimentaire, agricole et biologique à l’Université d’État de l’Ohio et co-auteur de l’étude.
Quid du latex extrait du pissenlit TK ?
En ce qui concerne le latex provenant du pissenlit TK, l’étudiant diplômé Nathaniel King-Smith, qui est l’un des collaborateurs de la professeure Katrina Cornish, a constaté que l’ajout d’EDTA (acide éthylène diamine tétra-acétique) au processus d’extraction améliorait largement son rendement. Plus intéressant encore, la méthode mise en œuvre permet d’extraire la substance immédiatement. Elle est donc plus rapide que les techniques existantes. Certes, les résultats obtenus sont déjà prometteurs, mais les scientifiques ne comptent pas en rester là. Ils envisagent notamment de collaborer avec d’autres experts dans le but d’affiner encore plus leurs techniques. Leur objectif ultime est de placer les États-Unis à la tête de l’industrie mondiale du caoutchouc naturel. Plus d’infos : eurekalert.org. Que pensez-vous de cette recherche scientifique ? Nous vous invitons à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .