Les plantes d’intérieur apportent une ambiance zen et apaisante dans une maison. Elles contribuent à soulager l’anxiété et le stress des personnes sujettes aux dépressions saisonnières. Ces plantes sont également connues pour leur action de purification de l’air, même si elles ne sont pas aussi efficaces qu’un appareil purificateur d’air. Une startup parisienne dénommée Neoplants a décidé d’exploiter les propriétés naturelles des plantes qui permettent l’assainissement de l’air. L’entreprise a effectué des expériences génétiques sur la plante pothos connue sous le nom scientifique Epipremnum aureum et son microbiome. Après des années de recherches, la première plante d’intérieur génétiquement modifiée de Neoplants, appelée Neo P1, est maintenant disponible sur le marché.
La plante d’intérieur, un purificateur d’air naturel
Selon le biologiste moléculaire et directeur technique de Neoplants, Patrick Torbey, ces dernières années, surtout depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19, les gens s’intéressent de plus en plus à la qualité de l’air qu’ils respirent. D’autre part, avec la hausse des températures causée par le changement climatique et les feux de forêt provoqués par la sécheresse, la qualité de l’air intérieur est devenue une priorité pour la majorité. En choisissant les plantes comme sujet de recherche, Neoplants voulait notamment un moyen de purifier l’air sans recourir à l’électricité. En effet, l’entreprise avait pour objectif d’obtenir un produit durable qui pourrait recycler les polluants de façon permanente, mais qui ne nécessite pas l’utilisation d’énergie provenant de combustibles fossiles.
Les COV
Dans l’air intérieur, on peut trouver des COV ou Composés Organiques Volatiles en quantité assez élevée. Ce sont des produits chimiques hautement réactifs contenus dans certains produits comme les peintures, les pesticides, les matériaux de construction et les produits de nettoyage. Les COV sont particulièrement nocifs pour la santé et sont à l’origine de plusieurs maladies telles que les maux de tête, l’irritation des yeux et de la gorge. Dans certains cas même, ils provoqueraient le cancer et des lésions du foie. Ce sont de très petites molécules, donc il est presque impossible de les éliminer de l’air intérieur à travers des filtres mécaniques. D’ailleurs, même les plus grosses molécules sont difficiles à neutraliser ou à éliminer complètement. L’avantage avec les plantes, c’est qu’elles peuvent facilement absorber et métaboliser les petites molécules. Toutefois, d’après une étude récente, il semblerait que les plantes n’aient qu’un effet modeste sur ce genre de polluant. Le travail de l’équipe de Neoplants consistait ainsi à modifier le métabolisme des plantes pour qu’elles puissent mieux éliminer les COV.
La création de la plante génétiquement modifiée
Selon le cofondateur et directeur général de Neoplants, Lionel Mora, ils ont commencé avec la vigne pothos appelée également « lierre du diable ». Il s’agit de l’une des plantes d’intérieur les plus populaires en Amérique du Nord. Durant l’étude, les chercheurs de Neoplants ont cartographié l’intégralité du génome de la plante et ont déterminé les gènes à cibler pour que la plante puisse filtrer le plus de COV possible. Quatre ans de travail ont été nécessaires avant d’aboutir à l’obtention d’une plante capable de métaboliser quatre types de polluants retrouvés dans l’air intérieur. Parmi ces polluants, on peut citer le formaldéhyde et le toluène. La plante peut également absorber des COV présents dans la fumée des feux de forêt comme le benzène, connu pour être cancérigène.
Les chercheurs ont aussi réussi à modifier les micro-organismes qui vivent au niveau des racines de la plante pothos. Pour ce faire, ils ont inséré des gènes de bactéries extrêmophiles dans ces microbes symbiotiques. Ces dernières vivent habituellement dans des environnements inhospitaliers en se nourrissant de produits chimiques toxiques. Grâce à cette modification, la capacité de la plante à métaboliser les polluants a encore été améliorée. D’après Torbey, pour respecter les normes de la FDA ou Food and Drug Administration, ils ont évité de toucher aux sections du génome de la plante qui pourraient augmenter sa survie dans la nature. Par exemple, ils n’ont pas rendu la plante plus résistante aux pesticides. Pour le moment, Neoplants ne dispose que d’un seul type de plante d’intérieur génétiquement modifié pour filtrer les COV, la Neo P1. La plante est vendue à 179 $ (environ 174 €) l’unité, ce qui est bien plus cher que la plupart des plantes d’intérieur typiques. Cependant, selon les informations, la capacité de la plante Neo P1 à purifier l’air est équivalente à celle de 30 plantes d’intérieur typiques. Dans l’avenir, NeoPlants espère contribuer à la lutte contre le changement climatique en développant des plantes capables d’absorber une quantité plus importante de dioxyde de carbone, notamment en boostant le processus de photosynthèse grâce au génie génétique. Plus d’informations : neoplants.com