Chaleur fatale : réutiliser l’énergie de l’IA pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles

En 2028, nous pourrions récupérer 8,75 TWh de chaleur fatale. Mais combien de TWh jetons-nous encore chaque année ?

Depuis quelques jours, nous entendons parler de l’IA à tout bout de champ ! Normal, me direz-vous, cette année, le sommet de l’IA se déroule à Paris, réunissant tous les grands noms de l’Intelligence Artificielle. Le président de la République, Emmanuel Macron, a d’ailleurs annoncé en grande pompe que 109 milliards d’euros seront investis pour développer l’intelligence artificielle en France. En même temps, la France avait quelque peu manqué le virage Internet, comme il l’explique dans une interview accordée au journal Paris Match. « Au tournant des années 2000, nous avons manqué le virage des nouvelles technologies de l’information et de la communication », explique le Président qui souhaite réussir le « virage IA ».

Un virage qui semble s’amorcer de belle manière puisque les Émirats arabes unis pourraient investir plus 50 milliards d’euros (oui milliards !) pour bâtir le plus grand campus d’IA d’Europe en France. Quant au Canada, c’est officiel, le fonds Brookfield injecte 20 milliards d’euros dans un projet semblable à Cambrai, prévu pour les cinq prochaines années. Alors quels seront les défis et les enjeux de ces gigantesques centres de données ? Et comment pourrions-nous en faire des opportunités pour réduire notre dépendance énergétique grâce à la chaleur fatale ? Éléments de réponse dans cet article.

Un datacenter avec des rangées de serveurs.
Des investisseurs voudraient développer des data centers en France. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

La chaleur fatale, qu’est-ce que c’est ?

Les datacenters sont d’énormes structures, dotés de puissances de calculs vertigineuses ! Et, ces derniers sont également des monstres énergivores, qui génèrent une quantité colossale de chaleur. À l’heure où chaque kilowatt compte, peut-on se permettre de laisser filer cette énergie dans l’atmosphère sans en tirer parti ? C’est là qu’intervient la récupération de chaleur fatale. Pour vous expliquer très simplement ce qu’est la chaleur fatale, imaginez votre propre ordinateur, ou un four ou tout autre appareil qui dégage de la chaleur.

Cette chaleur s’échappe dans l’air sans être utilisée. Cette chaleur perdue, c’est ce qu’on appelle la chaleur fatale. Un centre de données peut suffisamment dégager de chaleur fatale pour chauffer un ou plusieurs bâtiments, produire de l’électricité, ou même alimenter un réseau de chauffage urbain. C’est une façon intelligente et écologique d’éviter le gaspillage énergétique et de réduire notre consommation d’énergies fossiles. Les usines, les datacenters, les hôpitaux ou encore les incinérateurs de déchets produisent énormément de chaleur fatale. L’idée, c’est de transformer ce déchet en ressource !

Relevé de température d'un data center avec une caméra thermique.
Les data centers génèrent énormément de chaleur, qui pourrait être récupérée pour alimenter des réseaux de chaleur urbains ou produire de l’électricité. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

La France récupère déjà la chaleur fatale, mais c’est beaucoup trop peu !

Selon ce rapport de l’ADEME, la France a d’ailleurs déjà amorcé le mouvement. En 2020, la récupération de chaleur fatale représentait 5 TWh par an, et la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) vise 8,75 TWh d’ici à 2028, soit une augmentation de 75 %. Pourtant, malgré des coûts de production compétitifs – de 25 à 30 €/MWh – cette ressource reste sous-exploitée. Aujourd’hui, certains projets commencent à montrer la voie. Des datacenters alimentent déjà des réseaux de chaleur, à l’image de celui de Paris, qui chauffe des logements grâce à l’énergie dégagée par les serveurs, comme expliqué dans cet article.

Un homme travaillant dans un datacenter.
L’implantation de datacenters en France peut être l’opportunité de réutiliser la chaleur fatale qu’ils produisent. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

C’est aussi la chaleur fatale qui au cœur des systèmes des radiateurs MyEko, dont je vous parlais dans cet article. Le potentiel est énorme. Selon l’ADEME, les datacenters représentent 43 % des sources de chaleur fatale exploitables en dehors de l’industrie. L’enjeu est donc clair : intégrer dès la conception des infrastructures un système de récupération et de redistribution de cette chaleur. Avec un datacenter pesant 50 millions d’euros, il y a fort à parier que ce serait un grand pas vers la diminution de la dépendance aux énergies fossiles !

Une opportunité pour les collectivités

Les élus locaux ont un rôle clé à jouer. Je pense que les collectivités doivent adapter leurs PLU pour faciliter l’installation de ces immenses Datacenter.  Inciter les entreprises à valoriser leur chaleur fatale, c’est devenir un modèle d’efficacité énergétique pour le territoire. L’avantage ? Une énergie locale, économique et bas-carbone, qui participe activement à la lutte contre le réchauffement climatique.

Des tours de refroidissement d'un datacenter.
Des tours de refroidissement sur le toit d’un datacenter sur lesquelles l’énergie pourrait être récupérée. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Sans compter l’impact social : un réseau de chaleur urbain alimenté par de la chaleur fatale permet de fournir une énergie stable et abordable, un atout contre la précarité énergétique. Eh oui, la transition énergétique passe aussi par nos déchets… thermiques ! Et vous, que pensez-vous de cette solution ? Faut-il imposer la récupération de chaleur fatale comme une norme pour les nouveaux datacenters et sites industriels ? Votre avis nous intéresse ! Que pensez-vous de cet article ? Partagez vos impressions et vos retours, cliquez ici pour publier un commentaire .

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Nathalie Kleczinski

Passionnée de lecture et d'écriture, il était presque logique que je me tourne vers le métier de rédactrice/journaliste professionnelle. Écrire est une passion, un besoin et une manière de communiquer indispensables. Touche-à-tout de l'écriture, j'aime surtout écrire sur des sujets liés à l'environnement, mais aussi à ceux qui prodiguent des conseils, ou des astuces pour vous aider dans votre quotidien. Je suis une adepte des tests en tous genres, surtout s’ils permettent de créer, de faire des économies, ou d’utiliser des produits recycler ! Je voue également une véritable passion aux animaux et suis très sensible à leur bien-être et aux inventions qui peuvent améliorer leurs quotidiens. En revanche, je peux vite devenir cassante lorsqu’il s’agit de parler de maltraitance. Enfin, j’aime découvrir et faire découvrir de nouvelles inventions, de petites choses qui amélioreront notre quotidien, ou celui des personnes en situation de handicap, autre cause qui me tient à cœur. Bénévole dans une association liée à l’aide aux victimes d’accidents de la route, vous comprendrez aisément que cette cause me touche aussi et que j’estime primordial de mettre en avant tout ce qui peut améliorer cette sécurité routière et empêcher un décès supplémentaire sur la route. Ma devise : Carpe Diem, car la vie est courte, et qu'il faut transformer chaque instant en tranches de bonheur !

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