L’informatique quantique intéresse de plus en plus les scientifiques ces dernières années. Censée permettre de réaliser des calculs que les ordinateurs classiques ne sont pas en mesure d’exécuter — du moins dans un délai raisonnable —, cette technologie possède des enjeux importants. Google a franchi une étape majeure dans le domaine en 2019 en dévoilant un ordinateur quantique particulièrement performant. En fait, il s’agit de la première infrastructure parvenue à atteindre la « suprématie quantique ». Cette dernière se définit comme le seuil à partir duquel une tâche ne peut plus être exécutée par un appareil adoptant une architecture traditionnelle.
La Chine largement en avance
Il convient de rappeler que l’ordinateur quantique de la firme de Mountain View utilisait des qubits supraconducteurs pouvant fonctionner simultanément comme des « 1 » et des « 0 ». Cet exploit remarquable n’a cependant pas duré longtemps car plusieurs mois plus tard, en 2020, des ingénieurs chinois ont dévoilé un modèle monotâche plus puissant baptisé Jiuzhang. Cette machine avait la particularité d’utiliser des qubits photoniques. Contrairement aux qubits supraconducteurs, ces derniers offrent de meilleures performances grâce à une vitesse de traitement des opérations aussi rapide que le déplacement de la lumière. Aujourd’hui, nous apprenons qu’un nouveau record vient d’être annoncé par la Chine.
Jusqu’à 66 qubits supraconducteurs
Dans un article publié sur l’archive de prépublication arXiv, un groupe de chercheurs chinois, dirigé par Jian-Wei Pan de l’université des sciences et technologies de Shanghai, affirme avoir réussi à atteindre la suprématie quantique. Une prouesse qui a été rendue possible par leur ordinateur quantique, lequel utilise des qubits supraconducteurs. Ce qui est d’autant plus impressionnant, c’est le fait que la puissance de calcul de la machine dépasse largement celle de l’ordinateur quantique de Google. Concrètement, Zuchongzhi est en mesure de gérer en même temps jusqu’à 66 qubits supraconducteurs. Dans le cadre de leurs essais, les chercheurs n’en ont utilisé que 56. Pourtant, les résultats obtenus étaient déjà supérieurs à ceux qui peuvent être produits par le processeur Sycamore de Google.
Un processeur programmable
À noter que lors desdits essais, l’équipe a exécuté une tâche d’échantillonnage aléatoire de circuits quantiques impliquant des calculs extrêmement difficiles, soit 100 fois plus complexes que celle résolue par la machine du numéro un des moteurs de recherche en 2019. Sachez également que le nouveau processeur est programmable. « La tâche d’échantillonnage accomplie par Zuchongzhi en 1,2 heure environ prendrait au moins huit ans au superordinateur le plus puissant », peut-on lire dans le rapport de l’équipe. « Nos travaux mettent en évidence l’avantage conséquent offert par cette plateforme quantique programmable de haute précision pour la réalisation de calculs que des machines classiques ne pourraient compléter dans un délai raisonnable. »