Le captage direct de l’air consiste à capturer directement le dioxyde de carbone contenu dans l’atmosphère, en vue d’atténuer l’effet de serre. Cette technique révolutionnaire pourrait aider de façon significative à contenir au-dessous de 2 °C l’augmentation des températures d’ici quelques décennies. Dans ce projet de décarbonation, la start-up Mission Zero Technologies, basée à Londres, au Royaume-Uni, est parvenue à capter le CO₂ qui sera transformé en kérosène sans émission. Cette nouvelle approche n’est actuellement qu’en phase initiale de développement, mais elle semble prometteuse. L’entreprise évaluera son efficacité à grande échelle grâce à l’usine pilote en cours de construction. Cette installation fonctionnera complètement à l’énergie solaire, assurant que tout le processus sera neutre en carbone. Explications.
Une technologie de décarbonation biomimétique
D’après cette entreprise, sur son site internet, ce système de capture et de conversion de CO₂ est inspiré de la capacité des poumons humains à évacuer le dioxyde de carbone. Il utilise donc une méthode organique pour extraire ce gaz de l’air, plutôt que de recourir à des épurateurs de CO2. Plus clairement, cette technique repose sur un processus de séparation électrochimique sélectif des ions. Elle s’avère plus efficace pour éliminer le gaz carboné de l’atmosphère et le concentrer sous forme de gaz pur. Il ne nécessite aucun produit chimique (hydroxydes, amines, etc.) et aucun processus à de hautes températures.
Sa consommation énergétique serait trois fois moins élevée que les méthodes DAC antérieures. De plus, le système est fabriqué avec des composants prêts à l’emploi, minimisant ainsi son coût et facilitant sa construction. Ce projet est réalisé en partenariat avec l’Université de Sheffield, selon Nicholas Chadwick, PDG de Mission Zero Technologies. « L’équipe estime que l’usine pilote pourra capturer chaque année 50 t de dioxyde de carbone de l’atmosphère, qui seront convertis en carburant d’aviation durable (SAF) ».
La production d’un carburant d’aviation propre
La plupart des systèmes de capture de CO2 actuels visent à piéger ce gaz à effet de serre en le stockant sous terre. Toutefois, le carbone capturé peut être valorisé et employé dans plusieurs différents domaines, dont la production de carburant d’aviation durable. Ce dernier peut remplacer les combustibles fossiles qui sont toujours très présents dans l’industrie de l’aviation. Il est à noter que le transport aérien représente plus de 2 % des émissions mondiales de carbone par an. Afin de contribuer à réduire ce chiffre, le Royaume-Uni compte ainsi utiliser 10 % de SAF dans tous ses vols d’ici à 2030.
À travers le monde, de nombreuses compagnies aériennes souhaitent également adopter le SAF, mais le manque d’offre entrave encore cette transition énergétique. De plus, ce carburant propre coûte beaucoup plus cher que le carburéacteur conventionnel. Néanmoins, le secteur de l’aéronautique travaille aujourd’hui à résoudre ces obstacles. De grands constructeurs de moteurs d’avion internationaux comme Rolls-Royce et Pratt and Whitney développent notamment des carburants décarbonés à base de kérosène et de SAF. D’ailleurs, certains construisent des systèmes de propulsion innovants qui pourraient fonctionner à 100 % avec du SAF.
Les contraintes à surmonter
Le dioxyde carbone récupéré par l’usine pilote de Mission Zero Tech sera utilisé par un groupe de chercheurs de l’Université de Sheffield, en vue de produire du carburant d’aviation durable. En apprenant ce projet ambitieux, certains experts se montrent peu optimistes quant à la viabilité de cette approche. Selon eux, ce type de projet nécessite un investissement énorme alors qu’il ne peut être déployé qu’à petite échelle. Des alternatives telles que la production des énergies propres à partir des sources renouvelables (soleil, vent, courants d’eau…) seraient plus rentables. Néanmoins, le captage direct de l’air fait partie des solutions à ne pas négliger pour réduire le réchauffement de la planète. Plus d’informations : Missionzero.tech. Que pensez-vous de cette innovation ? Nous vous invitons à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .