Pour la première fois dans l’histoire, les scientifiques sont parvenus à synthétiser de la soie d’araignée à partir de vers à soie dont l’ADN a subi des modifications. En effet, la plupart des fibres synthétiques conventionnelles contiennent du plastique. Comme vous le savez certainement déjà, ce dernier représente un danger pour l’environnement. Depuis des décennies, les scientifiques travaillent ainsi sur des projets visant à développer des alternatives écologiques à ces fibres commerciales. En Chine, une percée majeure dans ce domaine vient justement d’être réalisée. Du moins, c’est ce que suggère une étude publiée dans la revue Matter le 20 septembre dernier.
Viser une commercialisation à grande échelle
Selon Junpeng Mi, auteur principal de l’étude et chercheur à l’Université de Donghua, la soie des vers à soie représente la majorité des fibres d’origine animale les plus répandues. « Par conséquent, l’utilisation de vers à soie génétiquement modifiés pour produire de la fibre de soie d’araignée permet une commercialisation à faible coût et à grande échelle », a-t-il expliqué. En effet, la fibre produite par le ver à soie a l’avantage d’être abondante, mais elle présente une certaine fragilité. De son côté, la soie d’araignée, bien qu’elle possède des caractéristiques intéressantes, notamment une grande souplesse et une solidité supérieure à celle de l’acier par unité de masse, reste difficile à obtenir. Et pour cause, contrairement au Bombyx du mûrier, les araignées ne sont pas faciles à élever du fait de leur nature cannibale.
L’ADN du ver de soie modifié
Junpeng Mi et ses collègues ont alors cherché à combiner les atouts des deux types de fibres. Pour cela, ils ont pensé à la modification génétique. Les scientifiques chinois se sont penchés sur une protéine de soie d’Araneus ventricosus, une espèce d’araignées originaire d’Asie de l’Est. Grâce à la technologie d’édition de gènes CRISPR-Cas9, ils ont pu introduire la protéine issue de l’araignée dans l’ADN du ver à soie. L’équipe a aussi effectué de nombreuses micro-injections dans des œufs de vers à soie fécondés.
Une grande résistance à la traction
Par ailleurs, les chercheurs affirment avoir réussi à faire une « localisation ». Autrement dit, ils ont pu vérifier que le gène activé avec succès dans l’ADN du ver à soie n’engendrait aucune modification au niveau du mécanisme de production naturelle de soie de l’animal. Les fibres obtenues à partir de la modification génétique affichaient des caractéristiques largement prometteuses. En plus d’être plus flexibles, elles présentaient une très grande résistance à la traction ainsi qu’une ténacité élevée. La soie produite via cette technologie possède ainsi de nombreuses utilisations potentielles dans les domaines de l’armement et des technologies aérospatiales, mais aussi dans le secteur de l’habillement. Plus d’infos : cell.com. Que pensez-vous de cette innovation ? N’hésitez pas à partager votre avis, vos remarques ou nous signaler une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .