Le miscanthus serait-il une plante d’avenir ? C’est probablement ce que pense l’entreprise Alkern basée dans le Pas-de-Calais, à Harnes. En effet, elle a décidé d’investir 8 millions d’euros afin de transformer son usine des Andelys (Eure) dans le but de produire de nouveaux blocs de béton composés à 30 % de miscanthus. Cette plante presque miraculeuse au fort pouvoir isolant remplacera une partie des granulats minéraux composés de sable et gravillons. Le projet, baptisé « Innov’ avenir filières », est d’ailleurs lauréat de l’appel à projets gouvernemental. Un prix qui lui permettra d’empocher la coquette somme de 2 millions d’euros versée par l’État et la région Normandie pour le mener à bien. Découverte.
Le projet « Innov’avenir filières», qu’est-ce que c’est ?
« Nous posons la première pierre d’une nouvelle filière française à base de miscanthus », explique Xavier Janin, président d’Alkern subventions et d’avances remboursables. Pour alimenter cette usine, la plante facile à cultiver qu’est le miscanthus sera produit dans un rayon de 25 km autour de l’usine. Une centaine d’hectares seront nécessaires et l’entreprise tente de convaincre les agriculteurs de diversifier leur exploitation. Les normes thermiques et écologiques vont se durcir dans les prochaines années, anticiper avec le miscanthus semble être le bon compromis. Alkern souhaite tripler sa production de blocs de miscanthus de 2026 à 2029, dans son usine normande.
Pourquoi le miscanthus est-il si prisé ?
L’enjeu principal pour Alkern est de réduire la quantité de ciment dans ses blocs de béton. Aujourd’hui, ceux-ci sont fabriqués avec des granulats minéraux et demain, ils le seront avec des granulats végétaux, moins polluants. Rappelons que la fabrication de ciment est l’une des industries les plus polluantes au monde, notamment lors de la phase de transformation du calcaire et lors de la cuisson. Sachez que 7 % des émissions totales à l’échelle mondiale, est le chiffre donné pour l’industrie cimentière dans le monde.
De plus, Alkern travaille aussi sur des liants moins carbonés, qui permettraient de coller les granulats. « L’objectif est d’obtenir des blocs qui pourraient être simplement collés les uns aux autres au lieu d’être maçonnés avec du mortier à base de ciment », explique Christophe Lagrange. L’autre objectif des blocs à base de miscanthus sera de fabriquer un matériau capable d’emprisonner du carbone dans les murs. Alors, le miscanthus remplacera-t-il le ciment ? C’est fort possible et c’est une bonne nouvelle pour la planète !
Le miscanthus, qu’est-ce que c’est ?
Le miscanthus est un genre de graminées vivaces communément appelées « maiden grass » ou « eulalia grass », ou encore « herbe à éléphant ». Elles sont originaires d’Asie et d’Afrique, mais ont été largement cultivées dans de nombreuses régions du monde. Elles sont proposées en tant que plantes ornementales, pour le contrôle de l’érosion et plus récemment, comme culture bioénergétique. Les plantes de miscanthus peuvent atteindre 3 m de haut et ont des feuilles étroites et arquées vertes en été et dorées ou bronze en automne.
Elles produisent des plumes de fleurs à la fin de l’été ou au début de l’automne. L’un des principaux avantages du miscanthus est son potentiel comme source renouvelable de bioénergie. Les graminées sont riches en cellulose et en lignine. Ces dernières peuvent être converties en biocarburants tels que l’éthanol ou brûlées pour produire de la chaleur et de l’électricité. En outre, le miscanthus est considéré comme une culture durable. En effet, il nécessite peu d’intrants, peut être cultivé sur des terres marginales et a un faible impact sur l’environnement par rapport à d’autres cultures. Le miscanthus est donc une plante intéressante pour la transition énergétique nécessaire. Elle offre également la possibilité d’un matériau capteur de carbone dans le domaine de la construction. Plus d’informations : Communiqué de presse de Alkern.