Ce biodiesel est le fruit du travail du professeur John Abraham de l’Université vétérinaire de Namakkal et de l’Université des sciences vétérinaires et animales du Tamil Nadu. Après plus de sept ans d’attente, le vétérinaire devenu inventeur a enfin obtenu l’autorisation de l’Office indien des brevets et des marques pour son biocarburant.
Si la validation du brevet a pris autant de temps, c’est à cause de l’Autorité indienne de la biodiversité. L’approbation de cette dernière était nécessaire, car le biodiesel d’Abraham est fabriqué à partir de viande d’origine locale. Le professeur agrégé se procure en effet les restes de poulets pour son produit dans les abattoirs du district de Wayanad, dans l’État indien du Kerala.
Des performances satisfaisantes
Entre 2009 et 2012, le professeur Abraham a été un pionnier de la recherche sur la production de biocarburant à partir de déchets d’abattage de poulets de chair. Selon lui, la volaille a un seul estomac dont la saturation en graisse est plus élevée pour faciliter la transformation.
100 kg de restes de poulet sont nécessaires pour produire un litre de biocarburant. Cette quantité permet de parcourir environ 38 km. Le professeur vétérinaire ne paie que 80 centimes d’euro par kilogramme. Ce faible coût de production permet de proposer le produit à un tarif jusqu’à 40 % inférieur à celui du diesel traditionnel. Malgré ce prix très bas, le biodiesel fabriqué à partir de restes de poulet offre des performances satisfaisantes.
Compatible avec tous les types de moteur diesel
Le biocarburant du professeur Abraham est évidemment beaucoup moins polluant. Les déchets de poulet contiennent 62 % de graisse, ce qui leur confère un indice de cétane de 72. Précisons que celui du gazole traditionnel n’est que de 64. Un indice de cétane élevé permet des délais d’allumage plus courts, offrant plus de temps pour la combustion du carburant tout en réduisant les émissions polluantes.
Le carburant biologique indien augmente également le rendement du moteur de 11 % en raison de la présence d’une plus grande quantité d’oxygène. Il peut être utilisé avec tous les types de moteurs diesel à un niveau de mélange de 20 %. Son utilisation permet une réduction significative de la consommation totale de carburant, tout en augmentant le rendement mécanique et en assurant une moindre usure du moteur.
Plutôt pour la recherche que pour le profit
Le biodiesel du professeur Abraham dispose depuis avril 2015 d’un certificat de qualité délivré par la compagnie pétrolière nationale indienne Bharat Petroleum. Cependant, le chercheur ne semble pas se soucier de sa commercialisation. « Je veux continuer mes recherches et nous sommes déjà en train d’inventer du biodiesel à partir de déchets de porc. Je suis prêt à vendre le brevet contre un paiement unique ou une redevance annuelle », a-t-il déclaré, rapporte la chaîne de télévision indienne NDTV.