Un article scientifique particulièrement intéressant a été publié dans la revue Quantum Science and Technology le mois dernier. Son auteur, Hatim Salih, chercheur à l’université de Bristol et cofondateur de la start-up DotQuantum, affirme avoir trouvé un moyen pour créer un trou de ver en laboratoire. Effectivement, l’idée des trous de ver fascine depuis des décennies du fait que ces structures purement théoriques pourraient relier deux points de l’espace-temps. Autrement dit, elles permettraient de voyager beaucoup plus vite que la lumière et donc de rendre possible l’exploration de planètes lointaines.
Vers l’établissement d’un trou de ver réel ?
Les trous de ver relèvent pour l’instant de la science-fiction, puisque nous n’en avons pas encore trouvé un seul. Pour rappel, ces objets hypothétiques ont été imaginés pour la première fois en 1916 par le physicien autrichien Ludwig Flamm. Ce n’est qu’en 1935 qu’Albert Einstein et le physicien Nathan Rosen ont réussi à formuler le concept, d’où on les appelle parfois ponts Einstein-Rosen. Maintenant, avec sa nouvelle théorie, le physicien quantique Hatim Sali pense avoir établi la base d’un processus qui pourrait potentiellement déboucher sur la création d’un trou de ver traversable.
Copier la conscience de quelqu’un
Le processus en question est appelé « contre-portation ». Il se base sur la mécanique quantique pour transporter des informations à travers l’espace sans échanger de particules. À en croire le nouveau postulat, pour transporter quelqu’un d’un endroit de l’univers à un autre, il suffirait de copier sa conscience dans un objet quantique. Le but est d’établir un véritable pont dans l’espace-temps. Salih estime que si cet objet a une expérience subjective, il pourrait nous renseigner sur les évènements qui se déroulent en traversant un trou de ver et mieux encore, fournir la preuve de l’existence d’une réalité physique sous-jacente.
Pas d’échange de particules
Pour vérifier sa théorie, le chercheur suggère l’utilisation d’un nouveau type d’ordinateur quantique soutenu par l’IA. Selon lui, cette machine devra avoir des accélérations remarquables. Malheureusement, elle est encore un rêve lointain, car pour l’instant, « personne ne sait comment la construire »… À la différence de la téléportation quantique qui nécessite des porteurs d’informations détectables, l’approche du contreportation imaginée par Salih se base sur un tout autre concept. Elle n’implique aucune particule physique.
Selon les explications de John Rarity, professeur de systèmes de communication optique à l’université de Bristol, la théorie repose sur un principe unique de la physique quantique appelé enchevêtrement quantique. Cette dernière permet à des « particules quantiques entièrement séparées » d’être « corrélées sans jamais interagir ». « Cette corrélation à distance peut ensuite être utilisée pour transporter des informations quantiques (qubits) d’un endroit à un autre sans qu’une particule ait à traverser l’espace, créant ce que l’on pourrait appeler un trou de ver traversable », a-t-il ajouté.