Le monde des échecs est un monde passionnant, fait de stratégies et de règles séculaires. Les avancées technologiques ont fait évoluer ce jeu, pour le meilleur et pour le pire. Vladimir Kramnik déplore notamment la monotonie qui s’est installée dans cet univers au fil des années. Avec l’aide de DeepMind, il compte redynamiser les parties d’échecs en utilisant l’IA AlphaZero, présenté comme le digne successeur d’AlphaGo.
Des professionnels qui jouent sans passion
L’IA n’a plus rien à prouver aux joueurs d’échecs. En effet, cette technologie a été utilisée à plusieurs reprises pour tester les compétences des professionnels et n’a rencontré aucune difficulté à les battre à plate couture. Par exemple, en 1997, l’IA Deep Blue a réussi à vaincre le champion Garry Kasparov, qui s’est ensuite incliné face à Vladimir Kramnik en 2000.
Depuis l’avènement des nouvelles technologies, les joueurs d’échecs sont soumis à plus de pression pour surpasser ces IA. D’après Vladimir Kramnik, ces derniers ne jouent plus par passion. Leur jeu est désormais empreint d’automatisme. Ils ne font plus que reproduire des techniques apprises par cœur durant les entraînements effectués avec les IA, dans le seul but de gagner.
« Pour la plupart des rencontres de haut niveau, la moitié du jeu se base sur la mémoire. Vous ne jouez même pas votre propre préparation. Vous jouez celle de votre ordinateur », a déclaré Vladimir Kramnik.
AlphaZero, l’IA qui veut réveiller la créativité des joueurs
En 2017, DeepMind a eu l’occasion de prouver les performances d’AlphaZero. Cette IA, développée par la filiale d’Alphabet, a montré à tout le monde qu’elle est capable de vaincre des experts aux échecs, au Go et au shogi. DeepMind compte mettre à jour son IA en lui donnant un aspect plus collaboratif. Son objectif est de créer une relation entre les joueurs d’échecs et les machines.
« Ces machines ont été créées initialement pour jouer contre les humains dans le but de les battre. Maintenant, nous voulons nous servir d’AlphaZero pour une exploration créative avec les humains, plutôt que contre eux », lit-on.
C’est là qu’intervient Vladimir Kramnik. Cet ancien champion du monde devra apprendre neuf nouvelles variantes de jeu à AlphaZero. L’IA devra également s’adapter à des règles alternatives établies par Vladimir Kramnik. Par exemple, cinq de ces variantes impliquent la modification du mouvement des pions. Ces stratégies devraient sortir les joueurs d’échecs de leur routine habituelle.
À terme, DeepMind espère que ces machines, à l’instar des joueurs, deviendront plus créatives. Eli David, un chercheur de l’université de Bar-Ilan, pense, quant à lui, que l’utilisation de cette IA contribuera à faire ressortir le côté artistique des échecs.
Photo d’illustration Dima Sobko / Shutterstock
Hâte de jouer contre l’IA, même si l’échec est garanti. Cela fait plus de 20 ans que les meilleurs joueurs du monde ne rivalisent plus avec les machines…