Dans le domaine médical, il existe un type de plaie appelé « plaie chronique », qui se traduit par un temps de cicatrisation allongé; elle est en effet décrite comme chronique quand elle n’est pas cicatrisée au bout de 4 à 6 semaines. Ces plaies sont souvent causées par les escarres, ulcères, moignons d’amputation et plaies du diabétique. A Singapour, un pays où les plaies chroniques touchent 1 patient sur 20 et 1 patient sur 10 quand elles sont liées au diabète, des chercheurs travaillent sur l’utilisation de déchets de peau marine pour créer un collagène durable permettant de soigner, mais également de recycler et réduire les déchets, encourageant une économie circulaire. Et ce serait la peau de grenouille qui pourrait permettre l’invention de ce nouveau cicatrisant… Découverte !
Quelle est cette invention ?
L’équipe de recherche travaille avec des échantillons de peau de grenouille, et plus précisément sur le collagène. Ce produit serait un nouveau patch qui viendrait compléter le produit star du laboratoire Cuprina, le Medifly, un patch qui réduit déjà les temps de cicatrisation liés aux amputations ou aux ulcères des pieds des personnes diabétiques. Des scientifiques de l’Université technologique Nanyang (NTU) de Singapour ont donc mis au point un nouveau patch régénérateur, fabriqué à partir de peau de grenouille.
Pourquoi utiliser la peau de grenouille ?
Les grenouilles sont, à Singapour comme dans de nombreux pays du monde, considérées comme un mets gastronomique de choix et sont très consommées dans ce pays d’Asie. Les espèces consommées à Singapour sont principalement des grenouilles-taureaux élevées dans des fermes et destinées à la gastronomie locale. Mais dans ces fermes, la peau des grenouilles n’est pas utilisée, au contraire: elle est jetée et provoque une augmentation considérable des déchets de l’île. Or, on sait que la peau de grenouille produit un collagène utilisé en médecine, comme la peau des bovins par ailleurs. Le professeur Dalton Tay, aidé de son équipe de la NTU, a donc décidé de mettre au point un procédé qui permettrait de réutiliser la peau des grenouilles, et de fabriquer un patch « ultra-cicatrisant » !
Comment procèdent-ils pour fabriquer ce patch ?
Vous pouvez retrouver l’étude des chercheurs sur le site de la NTU. Dans cette étude, il est expliqué que les chercheurs ont mis au point un processus pour débarrasser la peau des grenouilles de toutes les impuretés et bactéries. Puis, que cette peau de grenouille épurée est ajoutée à une pâte qui est rendue homogène. Le collagène pur en est ensuite extrait, puis incorporé dans un patch biocompatible et biodégradable. Pour les chercheurs, le patch appliqué sur une plaie chronique devrait accélérer le processus de cicatrisation en formant une couche poreuse qui permettra aux globules blancs et aux agents de guérison de mieux coaguler et donc d’accélérer le processus de guérison.
Le patch servira également de barrière protectrice en conservant la plaie humide, ce qui améliorera aussi la guérison. De plus, lors du dernier stade de la cicatrisation, le collagène de grenouille devrait former comme une structure échafaudage qui permettra aux cellules cutanées de migrer. Les nouvelles cellules viendront alors remplacer le collagène du patch, qui se dégradera tout seul jusqu’au renouvellement de la peau humaine. D’après les chercheurs, le collagène de grenouille serait aussi plus compatible avec la peau humaine que le collagène de bovin. Plus d’informations : ntu.edu.sg.