Apparemment, les recherches sur la fusion nucléaire menées par la Corée du Sud avancent. Alors qu’aux États-Unis, on s’intéresse à la reproduction d’un trou de ver, dans ce pays asiatique, comme en Chine, l’intérêt des physiciens nucléaires est plutôt orienté vers la création d’un soleil artificiel, confiné certes dans un emplacement très réduit, mais atteignant une température très élevée. Le concept n’est donc pas nouveau, d’autant que le projet chinois existe depuis 2006. Quant à celui de la Corée du Sud, il repose sur un programme baptisé Korean Superconducting Tokamak Advanced Research (KSTAR).
100 millions de degrés Celsius pendant 20 secondes
En 2019, ledit programme a fait largement parler de lui dans les médias parce que les physiciens du centre avaient réussi à entretenir un plasma de 100 millions de degrés pendant 10 secondes. À titre de comparaison, la température au cœur du Soleil s’élève à « seulement » 15 millions de degrés Celsius ! Maintenant, un nouveau record a été établi.
Celui-ci découle d’une expérience ayant débuté en août 2020 et pris fin le 10 décembre dernier. Comme l’explique notre source, la même température a été générée deux fois plus longtemps au cours d’une fusion nucléaire qui s’est déroulée à l’intérieur du réacteur de fusion expérimental KSTAR.
Les détails de l’expérience seront présentés en mai prochain dans le cadre d’un colloque organisé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). En attendant, les passionnés de physique nucléaire peuvent déjà se réjouir de cet exploit étant donné qu’il nous rapproche d’un avenir dans lequel la fusion nucléaire servira dans un contexte réel au lieu d’une simple expérimentation. La Corée du Sud ambitionne d’ailleurs d’atteindre 300 secondes au plus tard au milieu de cette décennie.
Une source d’énergie propre
Pour produire ce genre de fusion, les scientifiques fusionnent des noyaux de deutérium et de tritium, deux isotopes de l’hydrogène, afin d’entrainer des noyaux d’hélium. Contrairement à la fission nucléaire qui est la technique utilisée dans les centrales nucléaires actuelles, le procédé n’engendre pas de déchets radioactifs ni de gaz à effet de serre. Il s’agit donc d’une source d’énergie propre. En effet, la fusion produit davantage d’énergie qu’elle n’en consomme.
Certains scientifiques imaginent déjà une utilisation de la fusion nucléaire pour produire de l’électricité comblant les besoins de toute une ville, voire de tout un pays. Mais avant cela, de nombreux obstacles techniques doivent d’abord être levés. Par exemple, les chercheurs doivent stabiliser le plasma pour que la ressource fonctionne de manière sans interruption. Il est également nécessaire de concevoir une structure fiable pour empêcher le plasma d’entrer en contact avec les parois du réacteur, lesquels s’avèrent plus sensibles à la chaleur.