Selon la Fédération Française des Dys (FFDYS), 4 à 5% des enfants d’une classe d’âge sont dyslexiques. Cependant, ce ne sont que des estimations car ce trouble du langage peut ne pas être détecté. L’Organisation Mondiale de la Santé définit la dyslexie comme « un trouble spécifique de la lecture et, également un trouble persistant de l’acquisition du langage écrit caractérisé par de grandes difficultés dans l’acquisition et dans l’automatisation des mécanismes nécessaires à la maîtrise de l’écrit (lecture, écriture, orthographe…) ». Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Frontiers of Psychology, 20% de la population mondiale pourrait être meilleure en matière d’exploration et de curiosité. Ces scientifiques de l’université de Cambridge estiment en effet que la dyslexie pourrait vraiment aider l’espèce humaine à assurer son avenir et à s’adapter. Explications.
Une vision faussée de la dyslexie
Selon Helen Taylor, auteure principale de l’étude nous avons une vision de la dyslexie centrée sur le déficit mais cette nouvelle recherche propose une nouvelle manière de comprendre les forces cognitives que peuvent avoir les personnes dyslexiques. La dyslexie est aujourd’hui définie comme un trouble de l’enfant qui ne parvient pas à acquérir les compétences en lecture, écriture ou orthographe de manière conventionnelle et correspondant à leurs capacités intellectuelles. Cette équipe de chercheurs pense, au contraire, que la dyslexie devrait être considérée comme un avantage évolutif qui permettrait à ceux qui en sont atteints de puiser la force de rechercher de nouvelles manières de fonctionner plutôt que de chercher à fonctionner avec des idées préconçues. Et ce biais exploratoire « pourrait avoir joué un rôle crucial dans la survie de notre espèce ».
La théorie des chercheurs
Cette équipe de scientifiques soulève en fait la possibilité que les personnes atteintes de dyslexie développementale (DD) pourraient jouer un rôle essentiel dans l’adaptation humaine. Bien sûr, il existe des inconvénients à être dyslexique, mais aussi des avantages qui ne seraient pas exploités à cause d’une vision faussée de ce qui est définit comme un trouble.
L’auteure de l’étude pense donc que les difficultés rencontrées par un dyslexique sont le résultat d’un compromis entre l’exploration de nouvelles connaissances et l’exploitation de connaissances acquises. Pour elle, les personnes dyslexiques seraient bien plus à même d’être inventifs, créatifs et de découvrir de nouvelles innovations. Si l’on poursuit la théorie de cette étude, les dyslexiques verraient donc le monde différemment et ce n’est pas être une mauvaise chose, bien au contraire. Lorsque l’on sait qu’Albert Einstein, Thomas Edison, Alexander Graham Bell, Michael Faraday, Sir Isaac Newton, Charles Darwin, Galilée ou Louis Pasteur étaient tous dyslexiques, on se dit que cette étude pourrait effectivement changer le monde et celle des dyslexiques, souvent perçus comme des personnes atteintes d’un handicap !
« La vision de la dyslexie centrée sur le déficit ne raconte pas toute l’histoire (…) Cette recherche propose un nouveau cadre pour nous aider à mieux comprendre les forces cognitives des personnes atteintes de dyslexie (…) Nous pensons que les domaines de difficulté rencontrés par les personnes dyslexiques résultent d’un compromis cognitif entre l’exploration de nouvelles informations et l’exploitation des connaissances existantes, l’avantage étant un biais exploratoire qui pourrait expliquer les capacités accrues observées dans certains domaines comme la découverte, l’invention et la créativité ». Helen Taylor, l’auteur principal de l’étude
Comment se manifeste la dyslexie ?
Chez l’enfant, la dyslexie se manifeste de plusieurs manières, comme des difficultés à identifier les mots, à lire sans erreur et de manière fluide ou à découper les mots dans une phrase. Les problèmes de lenteur à la lecture ou la difficulté à comprendre les textes peuvent parfois alerter les parents ou enseignants. Du côté de l’écriture, les enfants dyslexiques ont la plupart du temps des soucis d’orthographe et écrivent de manière phonétique. Les répercussions sur l’enfant peuvent être diverses, comme d’avoir des cahiers du jour très mal tenus, illisibles ou incomplets, ce qui entraîne des difficultés pour l’apprentissage des leçons.
Il n’est pas rare qu’un enfant dyslexique n’aime ni lire ni écrire, mais excelle dans les matières scientifiques, comme le prouve les illustres inventeurs cités plus haut. Les enfants dyslexiques sont également souvent confrontés à un redoublement ou à décrochage scolaire, ce qui peut mener jusqu’à une réorientation. Mieux vaut être vigilant au moindre doute, et peut-être que le petit dyslexique deviendra un célèbre scientifique ?
Bonjour,
Je suis totalement en accord avec votre article.
Je suis dyslexique même si cela ne se voit pas au premier regard parce que je ne fais pas beaucoup de fautes d’orthographe.
J’ai compensé étant jeune, et de ce fait j’ai sû seulement à l’âge de 20 ans que j’avais une dyslexie développementale.
J’ai redoublé de nombreuses fois (3) et personne n’a été en mesure de me le signaler parce que par moi même j’ai pâlié à trouver des solutions. L’informatique m’a beaucoup aidé, parce que j’ai retranscris tous mes cours dès le collège. Les livres à lire étaient des vrais cassé tête, je les faisais lire à ma mère et elle me faisait un résumé que j’apprenais. En primaire il y avait des auto-dictées (des textes à apprendre par cœur et à réécrire) c’est le plus mauvais souvenir que je peux avoir. J’attendais jusqu’au dernier moment pour les apprendre.
Malgré ces difficultés j’ai persisté grâce à mes parents qui m’ont beaucoup soutenus.
Et j’ai eu mon baccalauréat ST2S au ras les pâquerettes, suivi d’un BP préparateur en pharmacie. Je n’ai pas choisie la meilleure voie. Mais avec une réorientation professionnelle, je suis actuellement commerciale sédentaire. J’ai fait mon bout de chemin semé d’embûches mais j’ai réussi à tenir le cap même si c’était difficile.
J’ai aussi réussi à avoir une reconnaissance professionnelle. Ce qui m’a aidé à accepter cette différence. Le fait que mon employeur soit informé ma grandement aidé à évoluer. Et aujourd’hui je suis référente dans tous les domaines et beaucoup de collègues sme sollicitent pour que je puisse les aider.
Une différence qui ne s’explique pas vraiment mais qui permet de fonctionner différemment. Mes professeurs ont souvent cru que je trichait pour arriver à un résultat alors que je ne réfléchissais pas de la même façon. C’est inexplicable.
En tout cas, il est intéressant de voir que des études sont menées pour essayer d’exploiter cette différence. Vive les dyslexiques !!
Bonne journée à vous. Au plaisir de vous lire
Fanny PLAT