Tout part d’un constat de la revue scientifique britannique Nature. Celle-ci a publié le mois dernier un article sur la façon dont les chercheurs et les communautés se sont entraidés pour gérer la crise sanitaire de Flint, dans le Michigan. Rappelons que cette affaire de contamination au plomb de l’eau potable remonte à 2014. En recherchant des images pour illustrer l’article, l’éditeur photographique de la revue a remarqué la rareté des photos des personnes impliquées, dont beaucoup sont noires.
Pour un traitement équitable dans la représentation des scientifiques
Le professeur Elmer Imes devenait en 1918 la deuxième personne de couleur noire à obtenir un doctorat en physique aux États-Unis. La publication périodique n’a pu trouver une photo claire du physicien dans les archives universitaires et celles de la bibliothèque du Congrès de Washington. Le problème ne se pose presque jamais lorsqu’il s’agit de trouver des photos de scientifiques blancs. Même pour ceux qui n’ont rien accompli de notable à l’époque d’Imes.
Il peut être difficile de trouver des images à haute définition pour les scientifiques issus des minorités. La qualité des photos sur les sites institutionnels laisse souvent à désirer. Cependant, il existe une solution relativement simple pour mettre un terme à cela, note la revue Nature dans son éditorial. Les universités et autres établissements de recherche devraient constituer de manière équitable une base de données photographique de leurs chercheurs — avec le consentement de ces derniers. Cela permettrait de mieux représenter la diversité au sein de la communauté scientifique.
Améliorer la qualité des archives photographiques
La mauvaise qualité des images historiques n’est pas non plus insurmontable. Il existe aujourd’hui des technologies de retouche d’image très performantes. Les universités, les instituts de recherche et les bibliothèques nationales peuvent les utiliser pour améliorer la qualité de leurs archives photographiques. Les bibliothèques nationales devraient alors travailler avec les universités pour identifier et publier des images de grands chercheurs.
La revue britannique recommande également cette alternative pour les agences photographiques. Ces dernières constituent une source essentielle pour les médias. Néanmoins, la plupart n’ont pas de processus d’organisation pour garantir la diversité de leurs images en relation avec la science.
Le besoin d’une action commune
Les universités, les bibliothèques, les publications périodiques et les agences photographiques devraient ainsi mettre en place des mesures pour afficher la diversité des chercheurs. Les archives scientifiques historiques resteront incomplètes tant qu’elles ne représentent pas toutes les personnes ayant contribué à faire avancer la science. De tels efforts sont indispensables pour encourager les minorités à rejoindre la communauté scientifique. Cela garantira que les chercheurs issus des minorités ne soient pas omis des livres d’histoire.