Depuis qu’une reine fécondée arrivait par hasard dans le Lot-Et-Garonne en 2004, en s’étant nichée dans une poterie chinoise, les spécialistes luttent sans relâche en inventant des pièges pour éradiquer les frelons asiatiques (vespa velutina). Cependant, il faut se résoudre à l’idée que ces insectes nuisibles ne pourront plus être exterminés, car ils se reproduisent trop vite. Entre-temps, les abeilles continuent à être décimées. Les chercheurs ont de plus en plus la conviction que tracer le frelon asiatique jusqu’à son nid serait le meilleur moyen de lutter contre sa prolifération. Et depuis fin 2021, un autre frelon, le frelon oriental (vespa orientalis) a été identifié à Marseille, tout aussi dangereux que le vespa velutina. Il va falloir trouver rapidement un moyen de l’empêcher de coloniser la France.
Tracer le frelon jusqu’au nid, une piste sérieuse
Dans un communiqué publié en 2017, l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) expliquait que la meilleure solution pour empêcher la prolifération des frelons serait de pouvoir les tracer jusqu’à leur nid. Les localiser précisément afin de pouvoir détruire le nid entier, mais non pas seulement quelques individus capturés en vol. Nous savons que nous ne pourrons pas les supprimer de nos villes et campagnes, mais l’enjeu est de diminuer les populations pour le moment. Cela, en vue de faire baisser la pression sur les abeilles. Cependant, pour trouver leur nid, il faut d’abord les localiser rapidement. Le meilleur moyen serait alors d’avoir l’occasion de les suivre. Et pourquoi pas via la technique originale des chercheurs de l’université d’Exeter (Angleterre) ?
Quelle est la technique développée en Angleterre ?
Pour les chercheurs, la seule possibilité de lutter contre les frelons asiatiques serait de contrôler les populations. Dans cette optique, il existe le piégeage classique qui consiste à capturer les reines pour éviter la fondation de nouvelles colonies. Toutefois, il reste peu efficace, tant les reines sont nombreuses. La seconde solution est donc de traquer les reines ou les frelons en les suivant jusqu’à leur nid. Cela, en vue de les détruire en totalité, supprimant ainsi près de 1 500 individus en une seule fois ! Dans cette visée, les chercheurs anglais collaborent avec l’INRAE pour développer une technique consistant à installer des balises de téléguidage afin de les suivre jusqu’au nid. Une technique largement utilisée pour suivre l’évolution des baleines ou des oiseaux migrateurs, mais qu’il faut grandement miniaturiser pour l’adapter aux frelons évidemment !
Les tests des chercheurs
Pour réaliser leurs expériences, il leur a d’abord fallu capturer des frelons asiatiques et notamment des « ouvrières chasseuses ». Notons qu’il s’agit des frelons qui tuent les abeilles en se positionnant en sentinelle à l’entrée des ruches. Les chercheurs les ont équipées de petites balises de 0,28 g ayant un rayon d’action de 800 m. Avant cela, ils se sont fiés à d’autres études attestant qu’un frelon asiatique pouvait porter 80 % de son poids sans entraver ses mouvements ! Ils ont ensuite gardé les frelons équipés pendant quelques jours pour qu’ils s’habituent à la balise et les ont relâchés par la suite. Grâce à cette balise, des nids ont pu être localisés jusqu’à 1,33 km de leur point de capture. C’est donc bien vers cette technique qu’il va falloir s’orienter en 2023, si l’on veut tenter de limiter la prolifération dramatique de ces traqueurs d’abeilles !
Et le frelon oriental, qu’est-ce que c’est ?
Le « vespa orientalis » est un frelon présent particulièrement dans le sud-est de l’Europe et dans le nord-est de l’Afrique. Un nid identifié en 2021 à Marseille fait craindre le pire aux scientifiques, car il est tout aussi invasif et dangereux que le frelon asiatique (vespa velutina). Il est aussi le seul animal à pouvoir produire de l’électricité solaire. Son exosquelette attire les rayons du soleil et il est capable de les convertir en électricité. Nous ignorons encore s’il électrise ses proies ou s’il agit comme le frelon asiatique. Tout ce que nous savons en revanche, c’est que grâce à ce pouvoir, il peut continuer à voler, même à la nuit tombée. Tous les spécialistes s’entendent pour dire qu’il est tout aussi redoutable pour les abeilles et c’est une très mauvaise nouvelle !