Même si les consciences commencent à évoluer, il est évident que nous sommes bien ancrés dans une société de consommation, où tout se jette et se rachète. S’il existe un domaine qui produit chaque année une pollution importante, c’est bien celui du textile, de la mode et des vêtements en général. Chaque année, 100 milliards de vêtements sont vendus dans le monde, et seulement 12 % de ceux qui deviennent usagés sont recyclés. (Source : ADEME). Il est alors assez aisé d’imaginer les montagnes de textiles non recyclés, mais également non recyclables qui polluent la planète. S’ils sont si difficiles à recycler, c’est souvent par manque d’information concernant la fabrication de ces vêtements, ou par le fait que les étiquettes soient coupées ou effacées avec le temps. Puisque l’on ignore ce qui les compose, on ne les recycle donc pas ! Avec la découverte d’une équipe de chercheurs de l’Université du Michigan, tout pourrait changer. Ils affirment avoir trouvé une solution à ce problème avec de nouvelles étiquettes. Découverte.
Quelle est l’invention des chercheurs américains ?
Pour fabriquer des étiquettes pérennes, ils sont partis du principe suivant : tous les matériaux utilisés dans la fabrication de vêtement ont une signature optique unique. Cependant, ces matériaux sont fréquemment mélangés pour obtenir un vêtement, ce qui rend le recyclage quasiment impossible. Les scientifiques ont alors imaginé une étiquette tissée qui pourrait faciliter l’identification des matériaux et, de ce fait, le recyclage. « C’est comme un code-barres qui est tissé directement dans le tissu d’un vêtement » explique Max Shtein, auteur principal de la recherche et professeur de science et d’ingénierie des matériaux à l’Université du Michigan (U-M). Les propriétés photoniques de chaque fibre pourraient ainsi être centralisées dans cette étiquette, qui pourraient être lues uniquement sous une lumière infrarouge.
Pourquoi est-ce intéressant ?
Leur étiquette serait donc faite de fibres à cristaux photoniques polymères pour le traçage et le tri des textiles. L’idée étant que le système d’étiquetage soit directement intégré dans les tissus, lors de la fabrication du vêtement. Ce système serait peu coûteux et permettrait une sorte d’« encodage » de chaque vêtement. Entièrement polymères, ces cristaux photoniques sont conçus puis fabriqués par étirage thermique avec une centaine de couches ayant une épaisseur individuelle inférieure au micromètre. Les fibres photoniques sont ensuite tissées à l’intérieur même des tissus, « mais peuvent être identifiés par la spectroscopie proche infrarouge et l’imagerie infrarouge à ondes courtes, des techniques couramment utilisées dans les installations industrielles pour le tri des matériaux. » comme l’explique l’étude parue dans la revue Wiley online library. Cette technique serait assez simple à mettre en place puisque de nombreux centres de tri dans le monde utilisent déjà l’infrarouge pour trier les déchets.
Comment cela pourrait-il fonctionner ?
Dans la fabrication de divers contenants, comme les bouteilles en plastique PET, on ne se pose plus la question de savoir comment les identifier. Les machines de tri par infrarouge savent déjà différencier le plastique PET (recyclable) d’autres plastiques. La lumière infrarouge qu’elles renvoient lors de l’analyse est différente en fonction du plastique détecté. Pour les tissus, ce serait un résultat similaire puisque le vêtement dispose de plusieurs signatures optiques uniques, relativement aux tissus qui le composent.
À l’heure actuelle, les systèmes peuvent détecter que c’est un vêtement, mais ne peuvent pas détecter les tissus qui le composent, car ce sont souvent des mélanges de matériaux. « Pour qu’un système de recyclage véritablement circulaire fonctionne, il est important de connaître la composition précise d’un tissu, un recycleur de coton ne veut pas payer pour un vêtement composé à 70 % de polyester. » explique Brian Iezzi, un autre acteur de cette recherche scientifique. Pour eux, cette nouvelle étiquette pourrait donc permettre d’instaurer un recyclage des vêtements, mais également informer les consommateurs sur la composition exacte de leurs vêtements. Certaines marques pourraient bien avoir de mauvaises surprises face à ce nouveau système.