L’invention des Mayas pour filtrer et stocker l’eau de leurs villes il y a plus de 2 500 ans

Les vestiges de la prestigieuse civilisation des Mayas témoignent de l’ingéniosité de ce peuple à maîtriser un élément hors de sa portée, qui n'est autre que l’eau. Si cette dynastie a tant prospéré, c’est parce qu’elle a détenu un savoir-faire artisanal et intemporel : le filtre à eau de ses récupérateurs d'eau.

L’heure est aux récupérateurs d’eau de pluie actuellement, suite aux sécheresses qui menacent et sévissent de plus en plus sur la planète. Mais le saviez-vous que le peuple Maya, à son époque, excellait déjà en la matière ? Cette civilisation a eu l’ingéniosité de filtrer impeccablement les eaux pluviales, en plus de les stocker dans de grands réservoirs d’eau. Perçons le mystère de l’une des remarquables inventions de ce peuple éteint.

Comment est née cette invention maya de filtre à eau ?

Niché au nord du Guatemala, Tikal, le centre de la civilisation maya, se trouve bien loin des rivières et des lacs, même s’il est entouré de forêts luxuriantes. Sa situation géographique, son climat et son sol lui confèrent un environnement austère où l’eau n’a pas sa place. En effet, la région est partagée entre des pluies diluviennes de la saison humide et une période de grande sécheresse. Cependant, lorsqu’il pleut, il est vain de stocker l’eau de pluie, le sol laissant s’infiltrer facilement cette dernière. Acidifiée par cette étape, l’eau infiltrée serait devenue responsable du charme karstique de ce lieu perché à 200 m au-dessus de la nappe phréatique. Impossible non plus d’y creuser un puits ! C’est la raison pour laquelle les ingénieurs de l’époque ont mis en place une technique authentique qui consistait à récupérer l’eau de pluie et à la garder intacte. Ce système subvenait largement aux besoins en eau de la population durant l’extrême saison sèche.

La pyramide Ossuaire, avec neuf blocs en escalier dans la zone archéologique de Chichen Itza.
La pyramide Ossuaire, avec neuf blocs en escalier dans la zone archéologique de Chichen Itza. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Les fameux réservoirs d’eau des Mayas

Entre 600 ans av. J.–C. et l’an 900 de notre ère s’étalait l’empire maya, reconnu à présent pour ses infrastructures défiant le temps : des éléments architecturaux tels que des temples, des palais richement décorés et d’innombrables systèmes de récupération d’eau. L’un des sites qui attirent l’attention à Tikal est notamment le Corriental. C’était le seul réservoir d’eau qui alimentait le peuple en eau potable, si d’autres stockages étaient dédiés aux autres activités nécessitant de l’eau. Les fouilles archéologiques réalisées sur ce site ont permis de déceler l’ingénieux système de filtration d’eau pratiquée dans l’une des plus grandes installations de stockage d’eau de cette époque. Celle-ci assurait notamment un volume de 58 millions de litres, monumental n’est-ce pas ?

Le zéolithe, une filtration minérale encore d’actualité

Encore présents dans les filtres actuels, les zéolithes étaient la pierre angulaire de cette prouesse ancestrale. Issus de la réaction des cendres des volcans avec les eaux souterraines alcalines, ces minéraux ont des caractéristiques absorbantes particulières, indispensables dans la filtration d’eau, même jusqu’à aujourd’hui. Leur structure poreuse retient efficacement les contaminants, aussi invisibles soient-ils (des matériaux lourds aux bactéries), rendant entièrement potable l’eau qui en sort. Dans ce réservoir Corriental, Kenneth Tankersley, une géologue archéologue de l’université de Cincinnati, a découvert quatre couches de sable minces dans lesquelles sont mélangés des zéolithes ainsi que des morceaux de quartz cristallin servant de filtre. Un autre système de filtration, constitué de sable zéolitique alterné de pétates (plante locale), a été également observé dans les briques calcaires qui acheminaient l’eau de pluie récupérée vers le réservoir.

Les ruines d'une belle pyramide dans la zone archéologique de Chichen Itza au Mexique.
Les ruines d’une belle pyramide dans la zone archéologique de Chichen Itza au Mexique. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Certes, cette technologie de filtration d’eau est ancienne, mais elle reste infaillible, attestée par l’histoire ainsi que par les recherches scientifiques. En effet, rappelons que vers le 9e siècle, les dirigeants de cette civilisation ont abandonné le centre-ville. Des études scientifiques établies sur les fouilles révélaient une toxicité des réservoirs des temples et ceux des palais qui est datée à cette même époque. Le seul qui réussit à échapper à cette pollution fatale fût évidemment le Corriental, le seul où l’on a retrouvé des traces de zéolithes. À l’instar de cette civilisation si développée, serons-nous capables de mettre en place des infrastructures écologiques qui pourront défier le temps et garantir l’avenir de la génération future ?

Rejoignez nos 900 000 abonnés via notre Newsletter , Google Actualité et WhatsApp
Source
bbc.com

Yael Arisoa

Correctrice, relectrice, Proofreader Freelance

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Bouton retour en haut de la page