L’invention du premier vibromasseur était destinée à « traiter » l’hystérie féminine

Dans une époque marquée par des inventions surprenantes, le XIXe siècle a vu l'apparition du premier vibromasseur, utilisé à l'origine comme un dispositif médical destiné à traiter l'« hystérie féminine ».

La période du Moyen Âge qui s’étend du Vᵉ au XVᵉ siècle a connu son lot d’inventions plus ou moins efficaces et parfois avec des méthodes ou pour des raisons surprenantes. Par exemple, René-Antoine de Réaumur, médecin respecté, pense que l’on peut réanimer les noyés en leur soufflant dans le derrière : il invente la paille anale ! Quant à Baillie Thomas Hunter, un mari trouvant son épouse un brin trop bavarde à son sujet, invente la bride pour mégère, une chose barbare qui coupait la langue des femmes dès qu’elles tentaient de parler ! C’est au XIXe siècle que l’on voit apparaître le premier vibromasseur, mais ce n’est absolument pas pour les raisons que vous imaginez… Le vibromasseur était un « médicament » avant de devenir un objet de plaisir. Retour sur l’origine de cette invention, plutôt inattendue !

Qui a inventé le vibromasseur ?

Le tout premier vibromasseur électrique a été créé en 1880 par le médecin britannique Joseph Mortimer Granville. À l’époque, le vibromasseur était utilisé comme un appareil médical destiné à traiter une condition spécifique connue sous le nom d’« hystérie féminine ». Selon la croyance médicale de l’époque, l’hystérie était une maladie courante chez les femmes, causée par une accumulation de tension sexuelle. Le traitement prescrit était un « massage pelvien » réalisé par des médecins, censé soulager les symptômes de l’hystérie. Ce geste médical était fatigant pour les soignants qui le pratiquaient. Le docteur a alors eu l’idée d’inventer un dispositif mécanique, pour remplacer le geste humain.

À la fin du XIXe siècle, Joseph Mortimer Granville (1833-1900) fut l'inventeur du tout premier vibromasseur de l'histoire.
À la fin du XIXe siècle, Joseph Mortimer Granville (1833-1900) fut l’inventeur du tout premier vibromasseur de l’histoire. Crédit photo : Par Dexgolum, CC BY-SA 4.0

Comment fonctionnait le premier vibromasseur ?

Aujourd’hui, les vibromasseurs sont à piles, voire rechargeables, et n’ont plus aucune connotation médicale.  Symbole actuel du plaisir solitaire, le vibromasseur du Moyen Âge devait être actionné par un médecin. En effet, il était un outil médical destiné à soigner l’hystérie, une maladie considérée, à l’époque, comme exclusivement féminine. Le dispositif était alimenté par une manivelle à main et les vibrations étaient transmises par l’intermédiaire d’un mécanisme rotatif. Au fil du temps, les vibromasseurs ont commencé à être utilisés en dehors du contexte médical et leur popularité a augmenté dans la société en général. Dans les années 1920 et 1930, les vibromasseurs étaient commercialisés comme des appareils ménagers et étaient vendus dans les grands magasins. On en retrouve encore aujourd’hui dans la rubrique « Masseur de joue » de La Redoute.

Pourquoi l’hystérie était-elle une maladie typiquement féminine ?

Nous savons aujourd’hui que l’hystérie est un trouble névrotique qui peut se manifester par des symptômes physiques, fonctionnels ou psychologiques tels que des crises émotionnelles et éventuellement des phobies. Au Moyen Âge, l’hystérie n’était pas considérée comme un trouble comportemental, mais comme une forme de nervosité, la plupart du temps, observée chez les sujets féminins. Cette « maladie » est diagnostiquée chez les femmes souffrant de sautes d’humeur ou très nerveuses. L’hystérie féminine était d’ailleurs une maladie reconnue par l’Église et l’État, les deux entités de référence à l’époque, vous imaginez bien que les Agences Régionales de Santé n’existaient pas encore.

Le « Percuteur » manuel avec mécanisme, les articles et accessoires du vibromasseur et le vibromasseur de Granville (à gauche) et sa batterie (à droite).
Le « Percuteur » manuel avec mécanisme, les articles et accessoires du vibromasseur et le vibromasseur de Granville (à gauche) et sa batterie (à droite). Crédit photo : Par Joseph Mortimer Granville — Rachel P. Maines : The Technology of Orgasm : „Hysteria“, the Vibrator, and Women’s Sexual Satisfaction. Johns Hopkins studies in the history of technology N.S. 24, Baltimore 1999, p. 97, Domaine public

Incapable de contredire les médecins ou l’Église, le peuple valide donc l’hystérie comme une maladie exclusivement féminine, comme si les hommes ne pouvaient pas avoir de sautes d’humeur ! Les chercheurs de l’époque considéraient que le seul remède contre l’hystérie féminine était le massage pelvien menant jusqu’à l’orgasme. Gardons en tête, tout de même, qu’avant l’invention du vibromasseur, les massages pelviens que l’on peut qualifier de masturbation étaient donc pratiqués par des médecins. Aujourd’hui, cela serait qualifié de viol ! Les temps ont bien changé, non ? Si le sujet vous intéresse, disponible en VOD sur Arte, le film OH MY GOD! (Haut et Court) raconte, avec beaucoup d’humour, cette histoire.

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Nathalie Kleczinski

Passionnée de lecture et d'écriture, il était presque logique que je me tourne vers le métier de rédactrice/journaliste professionnelle. Écrire est une passion, un besoin et une manière de communiquer indispensables. Touche-à-tout de l'écriture, j'aime surtout écrire sur des sujets liés à l'environnement, mais aussi à ceux qui prodiguent des conseils, ou des astuces pour vous aider dans votre quotidien. Je suis une adepte des tests en tous genres, surtout s’ils permettent de créer, de faire des économies, ou d’utiliser des produits recycler ! Je voue également une véritable passion aux animaux et suis très sensible à leur bien-être et aux inventions qui peuvent améliorer leurs quotidiens. En revanche, je peux vite devenir cassante lorsqu’il s’agit de parler de maltraitance. Enfin, j’aime découvrir et faire découvrir de nouvelles inventions, de petites choses qui amélioreront notre quotidien, ou celui des personnes en situation de handicap, autre cause qui me tient à cœur. Bénévole dans une association liée à l’aide aux victimes d’accidents de la route, vous comprendrez aisément que cette cause me touche aussi et que j’estime primordial de mettre en avant tout ce qui peut améliorer cette sécurité routière et empêcher un décès supplémentaire sur la route. Ma devise : Carpe Diem, car la vie est courte, et qu'il faut transformer chaque instant en tranches de bonheur !

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