Vous souvenez-vous de Stephen William Hawking ? Cet éminent physicien théoricien et cosmologiste britannique, atteint de la Maladie de Charcot, qui lui avait ôté la parole. Décédé en 2018, il était parvenu, grâce à un dispositif spécialement conçu pour lui permettre de s’exprimer, à travers l’écriture de livres. Avec ses deux pouces, il choisissait des lettres sur un écran pour écrire un texte, lu par un synthétiseur vocal. Cette technique, inédite, lui permettait aussi de « parler » sans « avoir la parole ». Une équipe de chercheurs du centre d’intelligence artificielle centrée sur l’humain GrapheneX-UTS de Sydney va encore plus loin dans ce domaine. En effet, ils viennent de développer un système portable et non invasif capable de décoder les pensées et de les transformer en texte. Plus aucun son ni gestes pour parler, mais uniquement la pensée. Découverte.
Parler par la pensée, mais pourquoi faire ?
Lors d’un accident vasculaire cérébral ou d’une maladie comme celle de Charcot dont était atteint Stephen Hawking, il arrive fréquemment que le patient perde la parole d’un instant à l’autre. Cette invention pourrait donc redonner la parole à ceux qui continuent à la penser, mais qui ne peuvent plus l’exprimer. D’autre part, cette nouvelle méthode de communication entre la machine et l’humain pourrait permettre, par exemple, de contrôler une prothèse d’un bras ou d’une jambe bionique.
Quels sont les fondements de cette étude ?
Cette recherche qui pourrait s’avérer fondamentale a été menée par un Professeur émérite CT Lin, directeur du Centre GrapheneX-UTS HAI, en collaboration avec le premier auteur Yiqun Duan et son collègue doctorant Jinzhou Zhou de la Faculté d’Ingénierie et informatique. Dans cette étude, les participants devaient lire « en pensée » des passages de texte, coiffés d’une casquette, enregistrant leur activité électrique. La méthode utilisée étant celle déjà connue de l’électroencéphalogramme (EEG). L’onde de l’électroencéphalogramme est ensuite segmentée en plusieurs unités qui vont capturer des schémas spécifiques au cerveau humain.
Une fois les signaux EEG identifiés puis développés par un modèle d’IA baptisé DeWave et développé par les chercheurs, ceux-ci sont retranscrits en mots, puis en phrases à partir des données recueillies. Cette recherche représente un effort pionnier dans la traduction des ondes EEG brutes directement en langage, marquant une avancée significative dans ce domaine, déclare le professeur distingué Lin, dans cette étude. Le modèle d’IA développé intègre, pour la première fois au monde, un codage qui permet de traduire les pensées en texte ! Et s’il est si novateur, c’est parce qu’il ne nécessite aucune implantation chirurgicale, comme ce peut être le cas des électrodes Neuralink d’Elon Musk. La technologie IA développée possède ce caractère non invasif unique au monde !
Quels sont les résultats de cette première étude ?
La recherche de l’UTS a été menée avec la participation de 29 sujets, ce qui suggère une robustesse et une adaptabilité potentiellement supérieures par rapport à la technologie de décodage précédente, laquelle n’avait été évaluée que sur un ou deux individus. Cette différence s’explique par les variations des ondes EEG d’un individu à l’autre. Actuellement, le taux de précision de la traduction est d’environ 40 % selon la métrique BLEU-1. Le score BLEU est une mesure de similitude entre le texte traduit automatiquement et un ensemble de traduction de référence de haute qualité, et il varie de zéro à un.
Les chercheurs aspirent à observer une amélioration de ce chiffre, visant un niveau comparable aux programmes traditionnels de traduction ou de reconnaissance vocale, qui atteignent approximativement 90 %. « Nous pensons, lorsque le cerveau traite ces mots, des mots sémantiquement similaires peuvent produire des modèles d’ondes cérébrales similaires. Malgré les défis, notre modèle produit des résultats significatifs, en alignant les mots-clés et en formant des structures de phrases similaires », conclut l’un des auteurs de cette étude très prometteuse. Que pensez-vous de cette étude ? Donnez-nous votre avis ou partagez avec nous votre expérience. Merci de nous signaler toute erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .