L’invention d’un plastique qui se dissout à 100 % dans la mer, sans laisser de microplastiques

Et si on remplaçait les plastiques traditionnels par un matériau entièrement recyclable et biodégradable ? Ces chercheurs japonais ont relevé le défi en fabriquant un plastique durable qui ne contribue pas à la pollution microplastique de nos océans.

Des chercheurs du RIKEN Center for Emergent Matter Science (CEMS) ont conçu un nouveau matériau sûr, biodégradable et recyclable. Sa particularité ? Il se dissout complètement dans l’eau de mer, sans laisser de microplastiques. Contrairement aux plastiques conventionnels, ce matériau peut contribuer à réduire considérablement la pollution marine. À noter qu’actuellement, les déchets plastiques sont les plus répandus dans l’environnement marin. À l’échelle mondiale, ils représentent 85 % des déchets marins, avec environ 200 millions de tonnes, selon des chiffres publiés sur le site du Ministère de la transition écologique. Les microplastiques nuisent à l’écosystème océanique et pénètrent dans la chaîne alimentaire, voilà pourquoi il est primordial d’élaborer des solutions durables pour les réduire, voire les éliminer.

Un plastique fabriqué à partir de polymères supramoléculaires

Les chercheurs japonais ont fabriqué ce matériau innovant à partir de polymères supramoléculaires, plus précisément en combinant deux monomères ioniques, à savoir des monomères à base de guanidinium et de l’hexamétaphosphate de sodium. Les scientifiques expliquent que ces monomères ioniques forment des ponts salins réticulés, conférant résistance et flexibilité au matériau. En outre, ils peuvent être décomposés par les bactéries marines, lui permettant de se dissoudre complètement dans l’océan. Takuzo Aida, à la tête de l’équipe de recherche, indique que « dans ce nouveau matériau, la structure des ponts salins est irréversible, sauf exposition à des électrolytes comme ceux présents dans l’eau de mer. La découverte clé a été de créer ces réticulations sélectivement irréversibles ». Il ajoute que l’étape la plus critique dans sa fabrication était le dessalage. Selon lui, sans ce procédé, le matériau séché obtenu était un cristal cassant, impropre à l’utilisation.

Processus physico-chimique de décomposition du plastique inventé par RIKEN.
Principe de dessalage et de ressalage du plastique pour qu’il commence à se dégrader. Crédit photo : Cheng et al. / RIKEN

Un matériau résistant, biodégradable et recyclable

Après plusieurs tests, le plastique final, baptisé alkyl SP2, serait une excellente alternative aux plastiques traditionnels. Selon les chercheurs, il est à la fois résistant, malléable, durable, biodégradable, recyclable, non toxique et non inflammable. Il résiste aux températures élevées et se dissout en seulement 10 jours, réduisant les risques environnementaux. Au cours de ce processus, Takuzo Aida explique que ce matériau libère du phosphore et de l’azote, connus comme étant des nutriments essentiels dans les engrais, et de ce fait, a un impact positif sur l’environnement. Un avantage significatif par rapport aux plastiques traditionnels et à de nombreux plastiques biodégradables. « Grâce à ce nouveau matériau, nous avons créé une nouvelle famille de plastiques solides, stables, recyclables, polyvalents et, surtout, non générateurs de microplastiques », souligne Takuzo Aida.

Diverses applications possibles

À l’instar des autres thermoplastiques, l’alkyl SP2 peut être moulé à plus de 120 °C et s’adapte à différentes applications. D’après l’équipe de recherche du CEMS, non seulement il est dur et résistant aux rayures, mais il peut également être fabriqué avec différentes propriétés mécaniques. Les chercheurs affirment avoir travaillé sur la modification des sulfates de guanidinium, afin de le rendre personnalisable selon les besoins de l’utilisateur. Il peut ainsi être utilisé pour fabriquer des plastiques avec une texture semblable à de la silicone ou, au contraire, robuste et rigide. D’ailleurs, il est compatible avec l’impression 3D, ce qui élargit son utilisation dans des secteurs tels que la médecine et la santé.

Une fine feuille du plastique biodégradable.
Des chercheurs de RIKEN ont mis au point un plastique biodégradable avec l’eau de mer sans produire de microplastiques. Crédit photo : RIKEN

Pour les chercheurs japonais, cette avancée pourrait révolutionner l’industrie des plastiques grâce, entre autres, à sa capacité à se dégrader complètement dans l’eau et le sol, sans laisser de résidus nocifs. Leurs résultats expérimentaux ont été publiés dans la revue Science. Cette alternative aux plastiques issus du pétrole permettra-t-elle de réduire la pollution qui étouffe nos océans ? Je vous invite à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .

Abonnement à la Newsletter.
Rejoignez nos 900 000 abonnés via notre Newsletter , Google Actualité et WhatsApp
Via
science.org
Source
riken.jpecologie.gouv.fr

Raharisoa Saholy Tiana

Je m’appelle Tiana et je suis journaliste professionnelle. J’ai une affinité particulière pour les sujets d’actualités et sur tout ce qui a trait à l’environnement, à l’innovation et au lifestyle. Depuis plusieurs années, j’ai couvert un large éventail de sujets liés entre autres aux questions environnementales et aux nouvelles technologies. Chez Neozone, j’interviens pour vous faire découvrir ces sujets fascinants, qui peuvent apporter de grands changements dans la société et qui méritent d’être mis en lumière. De nature curieuse et créative, j’ai toujours voulu devenir une journaliste web francophone. Après avoir obtenu mon diplôme de maîtrise en droit privé à l'université d’Antananarivo, j’ai décidé de me former aux métiers de la rédaction. J’ai commencé dans une agence web locale, avant de me lancer dans le « freelancing ». Cela fait plus de 10 ans que j’évolue dans ce secteur, en collaborant notamment avec de nombreuses agences et sites internationaux. Cette citation de Léon Trotsky m’inspire et me motive au quotidien : « La persévérance, c'est ce qui rend l'impossible possible, le possible probable et le probable réalisé. »

2 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Bouton retour en haut de la page