Un acouphène se manifeste par un bourdonnement, un sifflement ou un ronronnement dans une seule oreille ou dans les deux. Ce son est inaudible par l’entourage de la personne concernée. Il survient de façon continue ou intermittente. Selon sa gravité, il peut impacter la qualité de vie du patient (trouble de sommeil, anxiété, isolement, etc.). Dans certains cas, il est même invalidant. Selon un article publié sur Hear-it, environ 5 % des adultes seraient atteints d’acouphènes permanents dans le monde. Aujourd’hui, les options de traitement de ce trouble auditif demeurent encore limitées. En ce sens, une équipe de recherche de l’Université du Michigan, aux États-Unis, étudie la possibilité de soulager ce problème de santé par une technique de stimulation bi-sensorielle. Explications.
Le traitement bi-sensoriel : en quoi consiste-t-il ?
Chez les personnes souffrant d’acouphènes, le bruit qu’elles entendent peut-être très gênant, principalement dans un espace silencieux. Ce son serait produit dans une région du cerveau humain appelée « noyau cochléaire dorsal » (DCN). Selon ces chercheurs, ce trouble auditif se développe à cause de la modification des circuits neuronaux de ce DCN. Cela peut survenir suite à des lésions cochléaires dues à une exposition à des bruits forts. Par conséquent, le système auditif de l’individu perçoit un son qui n’existe même pas. En partant de ces observations, ce groupe de scientifiques américains a effectué des expérimentations animales afin de trouver un traitement efficace contre ce trouble d’audition. Il a découvert que la stimulation du DCN par des signaux sonores et tactiles déclenche une plasticité cérébrale. Cette dernière renforce ou réduit les circuits associés aux acouphènes en fonction de la synchronisation précise entre les stimuli.
Comment fonctionne l’appareil de stimulation utilisé par ces chercheurs ?
Le traitement bi-sensoriel a été testé sur l’Homme. Les participants ont été composés de 59 hommes et de 40 femmes souffrant d’acouphènes qui varient en fonction des mouvements de la mâchoire, du cou ou de la tête. Ils ont reçu une formation à l’utilisation d’un appareil de stimulation portable doté d’un logiciel personnalisé. Ce dispositif a été connecté aux patients du groupe actif trente minutes par jour. Une électrode a été placée sur la peau près du visage ou du cou des participants. L’appareil transmet de minuscules impulsions électriques en dessous du niveau que ces patients pouvaient ressentir. Ces impulsions sont simultanément présentées avec des impulsions audio courtes et faibles afin de reproduire, avec un minutage précis, le bruit de l’acouphène du patient. Cette technique serait capable de réduire progressivement les circuits associés aux acouphènes dans le DCN.
Comment s’est passé l’essai ?
Au cours de l’expérience, 50 % des participants ont reçu ce traitement bi-sensoriel durant les six premières semaines. L’autre moitié a suivi un traitement de contrôle sans impulsions électriques. Au bout de cette première période, les deux groupes n’ont reçu aucun traitement durant six semaines. Ensuite, ils ont été échangés pour une deuxième période de traitement de six semaines. Lors de ces deux périodes de traitement, le groupe actif ayant suivi le protocole de test a généralement bénéficié d’une amélioration de son score à l’indice fonctionnel d’acouphènes (TFI), contrairement au groupe de contrôle.
En effet, la plupart des patients du groupe actif (65 %) ont connu une baisse de 13 points de leur score TFI. Seuls 25 % des patients du groupe de contrôle ont connu cette évolution positive. Le niveau de sensation d’acouphène du groupe actif a été réduit d’approximativement 7,5 dB après six semaines. Chez les patients du premier groupe actif, les symptômes ont continué à s’améliorer jusqu’à la fin de la période de six semaines sans traitement. Une baisse du niveau de bruits de plus de 10 dB a été observée. Ces résultats positifs ouvrent la voie au développement des traitements bi-sensoriels sur mesure pour les personnes souffrant d’acouphènes. Plus d’informations : Jamanetwork.com