Mycofluid, l’invention d’un matériau à base de marc de café pour remplacer le plastique

Du marc de café et du blanc de champignon pour fabriquer des objets ? Découvrez ce nouveau matériau fabriqué par des chercheurs de l’Université de Washington. Il serait une excellente alternative au polystyrène…

Selon l’OCDE, la production annuelle de déchets plastiques a presque doublé en l’espace de 20 ans, à travers le monde. Elle est passée de 180 millions de tonnes à plus de 350 millions de tonnes, un chiffre qui risquerait d’augmenter encore plus d’ici à 2060. Or, la pollution plastique constitue un véritable fléau pour notre écosystème. C’est ce qui a poussé Danli Luo, doctorante en conception et ingénierie centrées sur l’humain à l’Université de Washington, et son équipe à développer un nouveau matériau à base de marc de café et de mycélium. Celui-ci peut être imprimé en 3D pour créer divers objets utiles au quotidien et qui peuvent remplacer parfaitement le plastique. Ses avantages ? C’est un matériau solide, résistant à l’eau, léger et compostable.

Du marc de café usagé et des spores de champignons Reishi

Selon Danli Luo, le café est idéal pour la croissance des champignons, dans la mesure où il est riche en nutriments et est stérilisé pendant le brassage. Mais ce ne sont pas vraiment les champignons qui sont utilisés dans la fabrication de ce matériau, mais le mycélium, une sorte de filaments blancs à partir desquels ils poussent. La doctorante indique que ce type de « peau mycélienne » peut lier les substances détachées et créer un matériau solide, résistant à l’eau et léger. Pour créer la pâte Mycofluid, elle a mélangé du marc de café usagé avec de la farine de riz brun, de la gomme xanthane et de l’eau. Ensuite, elle a inoculé la pâte avec des spores de champignons Reishi qui, par la suite, vont pousser sur les objets pour former le mycélium. Danli Luo explique que ce dernier transforme le marc de café en un matériau résistant et entièrement compostable, même lorsqu’il est façonné dans des formes complexes. « Pour les conceptions complexes, le mycélium fusionne des pièces imprimées séparément pour former un seul objet » ajoute-t-elle.

Une statue Moai réalisée en impression 3D en marc de café et mycélium.
Une statue Moai réalisée en impression 3D en marc de café et mycélium. Crédit photo : Luo et al./3D Printing and Additive Manufacturing / Université de Washington

Utilisation d’une impression 3D pour créer divers types d’objets

Pour créer divers objets avec le Mycofluid, l’équipe de recherche a utilisé un nouveau système d’impression 3D, notamment l’imprimante 3D Jubilee conçue par le laboratoire Machine Agency de l’Université de Washington. Danli Luo indique que ce nouveau système d’impression peut contenir jusqu’à un litre de pâte. Avec le matériau à base de marc de café, elle et son équipe ont fabriqué un vase, une statue Moai, l’emballage d’un petit verre, un cercueil de la taille d’un papillon, etc. La doctorante a expliqué qu’après l’impression 3D, les objets ont été recouverts d’un bac en plastique, pendant 10 jours. Durant cette période, le mycélium a formé une sorte de coquille autour du Mycofluid et les pièces séparées ont fusionné. Les chercheurs ont ensuite séché les objets pendant 24 heures afin de stopper la fructification des champignons. D’après eux, s’ils étaient restés plus longtemps dans la cuve, de véritables champignons auraient germé à partir des objets, mais ils ont été retirés après la formation de la « peau mycélienne blanche ».

Une alternative durable au polystyrène

Pour les chercheurs de l’Université de Washington, ce nouveau matériau est une alternative durable au polystyrène. Il serait aussi solide et résistant que ce dernier, alors qu’il est compostable et beaucoup plus écologique. L’équipe de recherche indique ne pas avoir spécifiquement testé la compostabilité du matériau, mais affirme que tous ses composants sont compostables et comestibles. Selon eux, il y a toutefois une limite avec le Mycofluid. Comme celui-ci nécessite du marc de café usagé relativement homogène, travailler avec ce matériau à grande échelle s’avérerait difficile.

Réalisation d'un vase en impression 3D à base de marc de café.
Danli Luo réalise des objets en impression 3D à base de marc de café et de mycélium. Crédit photo : Luo et al./3D Printing and Additive Manufacturing / Université de Washington

Les chercheurs prévoient ainsi de travailler sur d’autres formes de matériaux recyclés qui pourraient former des biopâtes similaires. « Nous souhaitons étendre cette démarche à d’autres matériaux bio-dérivés, comme d’autres formes de déchets alimentaires », a déclaré Danli Luo. Pour information, leur recherche a été financée par la National Science Foundation et a été publiée sur liebertpub.com. Seriez-vous prêts à utiliser des objets issus de marc de café et de mycélium ? Je vous invite à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .

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Source
washington.edu

Raharisoa Saholy Tiana

Je m’appelle Tiana et je suis journaliste professionnelle. J’ai une affinité particulière pour les sujets d’actualités et sur tout ce qui a trait à l’environnement, à l’innovation et au lifestyle. Depuis plusieurs années, j’ai couvert un large éventail de sujets liés entre autres aux questions environnementales et aux nouvelles technologies. Chez Neozone, j’interviens pour vous faire découvrir ces sujets fascinants, qui peuvent apporter de grands changements dans la société et qui méritent d’être mis en lumière. De nature curieuse et créative, j’ai toujours voulu devenir une journaliste web francophone. Après avoir obtenu mon diplôme de maîtrise en droit privé à l'université d’Antananarivo, j’ai décidé de me former aux métiers de la rédaction. J’ai commencé dans une agence web locale, avant de me lancer dans le « freelancing ». Cela fait plus de 10 ans que j’évolue dans ce secteur, en collaborant notamment avec de nombreuses agences et sites internationaux. Cette citation de Léon Trotsky m’inspire et me motive au quotidien : « La persévérance, c'est ce qui rend l'impossible possible, le possible probable et le probable réalisé. »

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