« Nous l’utilisons tous », la plus grande invention de Kodak en 1978 a causé sa chute

Le saviez-vous ? Kodak, l’empire rouge et jaune, est le précurseur de l’appareil numérique. Mais alors, comment cette entreprise qui a autrefois dominé l’industrie de la photographie est tombée en faillite en 2012 ? Spoiler : Elle a sous-estimé l’importance de la transition vers le numérique…

Saviez-vous que le premier appareil photo numérique a été inventé en 1975 par un certain Steven Sasson, un ancien ingénieur électricien de Kodak ? Nous avons parlé de lui dans un article précédent. Le premier prototype n’avait rien à voir avec l’appareil numérique que nous connaissons aujourd’hui, car il a été fabriqué avec des éléments tels qu’un lecteur cassette, une optique Super 8, un obturateur électronique, un transformateur, etc. En 1978, l’appareil a été breveté par Kodak qui est devenu depuis, le précurseur de la photographie sans pellicule. Mais alors, pourquoi cette entreprise américaine ne figure pas parmi les leaders du marché des appareils photo numériques ? Les raisons pourront bien vous surprendre !

Une technologie qui nécessite beaucoup de perfectionnements

Il semblerait que le modèle portable fonctionnel inventé par Steven Sasson n’a pas vraiment convaincu les dirigeants de Kodak. D’après l’ingénieur, ces derniers ont estimé que l’appareil devait encore être perfectionné. En effet, lors du premier test, il lui a fallu 23 secondes pour transférer la première photo qu’il a prise et celle-ci s’affichait sur l’écran dans une résolution de 10 000 pixels. Ce qui a, bien entendu, donné une image granuleuse en noir et blanc, pratiquement méconnaissable. Par ailleurs, l’entreprise américaine estimait à l’époque que regarder des photos sur un téléviseur n’allait pas séduire les consommateurs. Elle aurait alors mis de côté la photographie sans pellicule, mais aurait cependant encouragé Steven Sasson à perfectionner cette technologie émergente et à la développer davantage.

Le premier appareil photo numérique.
Steve J Sasson, un employé de Kodak, a développé le premier appareil numérique. Crédit photo : George Eastman Museum (capture d’écran vidéo YouTube)

Le numérique, une menace pour le modèle commercial de l’entreprise

Mais une autre raison aurait également poussé le géant de la photographie à mettre de côté cette invention : la peur du numérique. Il faut savoir que le business model de l’entreprise était basé sur l’usage du photosensible, un modèle commercial qui lui a valu son succès dans le secteur de la photographie argentique. À l’époque, Kodak vendait des appareils photo, des films et des services d’impression, alors l’avènement du numérique symbolisait pour eux la perte de nombreux marchés. C’est la raison pour laquelle ils ont choisi de déposer uniquement un brevet et de continuer les recherches sur les appareils numériques, plutôt que d’investir ardemment dans ce nouveau marché. Un choix qui a pénalisé l’entreprise américaine quelques années plus tard.

Une entrée tardive sur le marché du numérique

Ce n’est qu’en 1993 que Kodak s’est rendu compte de son erreur et s’est tourné vers le numérique, en commercialisant son premier appareil. En effet, ses plus grands concurrents comme Fujifilm et Nikon lui ont emboité le pas en développant et en commercialisant leurs propres appareils photos numériques, bien avant les années 90. En 1989, Fujifilm a récupéré près de 11 % des parts du marché de la pellicule aux États-Unis, grâce à une vaste campagne marketing. Si les recherches de Sasson ont rapporté des milliards à Kodak, grâce au brevet déposé dans les 70, la marque s’est lancée bien trop tard sur le marché du numérique et a fait faillite en 2012.

Détail du premier appareil photo numérique.
Le tout premier appareil photo numérique disposait d’un lecteur cassette. Crédit photo : George Eastman Museum (capture d’écran vidéo YouTube)

Sauvée in extremis, elle tente encore aujourd’hui de renouer avec son glorieux passé d’innovateur. L’histoire n’a pas cependant oublié Steven Sasson, qui s’est vu décerner la Médaille nationale de la technologie et de l’innovation (NMTI) en 2009. L’ingénieur reste convaincu que la firme de Rochester n’a pas su s’adapter à son époque. Connaissez-vous d’autres marques comme celle-ci qui n’ont pas su s’adapter à leur époque ? Je vous invite à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .

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Raharisoa Saholy Tiana

Je m’appelle Tiana et je suis journaliste professionnelle. J’ai une affinité particulière pour les sujets d’actualités et sur tout ce qui a trait à l’environnement, à l’innovation et au lifestyle. Depuis plusieurs années, j’ai couvert un large éventail de sujets liés entre autres aux questions environnementales et aux nouvelles technologies. Chez Neozone, j’interviens pour vous faire découvrir ces sujets fascinants, qui peuvent apporter de grands changements dans la société et qui méritent d’être mis en lumière. De nature curieuse et créative, j’ai toujours voulu devenir une journaliste web francophone. Après avoir obtenu mon diplôme de maîtrise en droit privé à l'université d’Antananarivo, j’ai décidé de me former aux métiers de la rédaction. J’ai commencé dans une agence web locale, avant de me lancer dans le « freelancing ». Cela fait plus de 10 ans que j’évolue dans ce secteur, en collaborant notamment avec de nombreuses agences et sites internationaux. Cette citation de Léon Trotsky m’inspire et me motive au quotidien : « La persévérance, c'est ce qui rend l'impossible possible, le possible probable et le probable réalisé. »

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