Avec « seulement » 12 ans d’espérance de vie, le tritium a toujours été considéré comme un déchet nucléaire radioactif inoffensif. Cependant, il suscite aujourd’hui des inquiétudes en raison de sa capacité à se fixer à l’ADN. Par ailleurs, dans un rapport de l’OPECST (Office Parlementaire pour l’Evaluation des Choix Scientifiques et Techniques), il est mentionné que cet élément présente « des dangers incontestables » pour l’humain. Pour ces raisons, et surtout du fait que les nouvelles générations de centrales nucléaires produiront une quantité encore plus importante de tritium, le projet Padawann est pertinent. Ce dernier est porté par des chercheurs rouennais et vise à décontaminer les objets présentant du tritium à leur surface. Il aura fallu une bonne dizaine d’années à cette équipe de scientifiques pour aboutir à leur réalisation.
Éliminer le tritium
Le tritium est un élément chimique radioactif isotope de l’hydrogène. Il est produit en grande quantité dans les centrales nucléaires. Le problème est qu’il est difficile à maîtriser. Étant très léger, le tritium se disperse et se dépose aisément sur toutes sortes de surfaces. Différents objets peuvent être contaminés lorsqu’ils fréquentent les zones sensibles des centrales nucléaires. « Ça peut être des gants, des matériaux métalliques, des conteneurs » informe Arnaud Bultel, le maître de conférences de l’université. Lors d’un démantèlement d’une centrale, le tritium peut également être répandu dans les tubes et les conduites comme l’explique le site France 3 Régions. Toutes ces situations justifient un procédé de décontamination, comme notamment le projet Padawann.
Une décontamination au laser
Les physiciens ont concentré leur analyse sur l’effet du rayonnement laser sur la matière. Suite à leurs observations, ils ont pu conclure que les rayons étaient en mesure d’agir sur les éléments présentant du tritium à leur surface. La technique de décontamination en question repose sur un système de polissage laser. Pour ce faire, les scientifiques se servent d’une plateforme placée dans une boîte étanche, émettant de vives lumières. Le travail vise à provoquer la matière à décontaminer en focalisant de l’énergie sur la surface traitée. Le rayon laser aura pour effet de vaporiser une fine couche de la surface de l’objet. Cette partie transformée en gaz est ainsi retirée alors qu’elle contient potentiellement du tritium. Le procédé comprend une étape d’analyse afin de détecter la présence d’éléments radioactifs. Lorsqu’il n’y a plus aucune trace de tritium relevée, le polissage laser est arrêté.
Vers une réalisation à grande échelle
Lors des expériences, l’opération a été réalisée sur une toute petite surface de quelques millimètres carrés. Mais les chercheurs cherchent à automatiser le procédé et à l’emmener à une plus grande échelle. Ce qui sera bientôt possible. En effet, Padawan a remporté un appel à projet dans le cadre du plan d’investissement France 2030. Avec un financement de 1,9 million d’euros, l’équipe pourrait ainsi investir dans des matériels plus performants et déboucher sur de meilleurs résultats. Avec cette somme octroyée par l’État, l’équipe devra faire aboutir le projet, au plus tard, en septembre 2026. Enfin, ajoutons que même si la technique est proposée au secteur du nucléaire, elle pourrait également servir dans des applications médicales. Plus d’informations : univ-rouen.fr