Les pellets de bois font l’objet de nombreuses recherches et innovations. Les granulés tels que nous les connaissons sont fabriqués à partir de résidus de bois, qu’ils soient résineux ou feuillus. Ensuite, ils sont séchés, puis compressés pour former un combustible. L’année dernière, leur prix a flambé et les stocks se sont trouvés à sec avant la fin de l’hiver. Nous avons vu apparaître une douzaine d’alternatives comme les pellets de chanvre, de lin ou encore de miscanthus, mais ceux-ci n’en sont qu’à leurs balbutiements. Au Canada, depuis 2017, l’institut Aurora travaille sur un pilote de transformation du carton en granulés combustibles. Dans cette région reculée du monde, Inuvik, où les matières comme le carton sont ardues à recycler, transformer ce dernier en pellets ouvrirait de nouvelles opportunités aux habitants. Découverte.
Quel est l’objectif de ce projet pilote ?
Ce projet est l’initiative de Patrick Gall, technicien de recherche à l’Institut Aurora. Son objectif étant de donner une seconde vie aux déchets de carton, en les transformant en granulés pour les chaudières biomasses. Outre le fait de revaloriser un déchet difficilement recyclable à Inuvik, cette transformation du carton serait créatrice d’emploi. En même temps, elle réduirait les émissions de gaz à effet de serre causées par les cartons brûlés. Pour remettre la situation dans son contexte, il faut savoir qu’Inuvik est une ville située dans les Territoires du Nord-Ouest du Canada. Elle se trouve au-dessus du cercle polaire arctique et est connue pour ses caractéristiques géographiques uniques et ses conditions météorologiques extrêmes. Le transport des déchets vers le sud est donc un problème majeur dans cette ville canadienne.
Le carton, un déchet majeur dans cette région
Dans ce territoire canadien, toutes les marchandises arrivent par carton, comme l’indique Shyla Traer, gérante de Bob’s Welding, un supermarché local. Ces cartons qui remplissent ses étagères, elle adorerait pouvoir en faire autre chose que de les jeter à la décharge. Toutefois, pour pouvoir brûler des granulés issus du recyclage du carton, il faut d’abord trouver un moyen de débarrasser celui-ci des additifs qu’il contient. L’idée étant, bien entendu, de ne pas brûler des granulés polluant l’atmosphère. Depuis quelques années, Patrick Gall tente d’inventer une machine capable de transformer du carton en granulés à chauffage.
Avec cette machine, le chercheur a effectué des tests récemment et a confirmé qu’un ratio de 5 à 10 % de granulés de carton mélangés à des granulés de bois donne de très bons résultats. « Les résultats n’étaient peut-être pas surprenants, mais cela a été également un soulagement. On a validé notre produit […] Maintenant il est temps d’augmenter la production. », explique l’inventeur dans une interview accordée au site Ici Radio-Canada.
Quelle sera la prochaine étape ?
Désormais, l’inventeur de ce procédé sait que cela fonctionne. Les granulés à base de carton ne polluent pas plus que les granulés de bois, et les habitants peuvent les utiliser. Pour augmenter la production de granulés de carton, il faudrait plusieurs presses à granulés. Ces engins coûtent près de 100 000 $ chacun. L’argent est le nerf de la guerre et il lui faudra dorénavant trouver des usines acceptant de financer cette nouvelle filière qui s’offre à Inuvik. Enfin, l’entrepreneur doit aussi trouver des entreprises, commerces et usines qui acceptent de lui fournir la matière première : le carton.
Pour en approvisionner les habitants, il lui faudrait approximativement 450 kg de carton quotidiennement ! À l’heure actuelle, sa presse à pellets de carton fonctionne deux à trois heures par jour, et il aimerait que ce temps soit augmenté rapidement. Une belle idée qui pourrait être copiée dans le monde entier. En effet, les déchets de carton et de papier représentent approximativement 9 millions de tonnes en France chaque année. Il y aurait de quoi en faire des pellets, non ?
https://www.youtube.com/watch?v=-9XoXdr3KeI