D’après l’Office fédéral de la statistique, les camions de fret en circulation sur les territoires suisses rejettent chaque année plus d’un million de tonnes de CO₂. Ce chiffre reste élevé malgré la hausse du nombre des camions électriques dans le pays. D’ailleurs, quelque 86 455 camions à moteur thermique circulent toujours dans l’Union européenne. La décarbonation de ce secteur nécessite encore beaucoup d’efforts de la part de toutes les parties prenantes (transporteurs, constructeurs automobiles, équipementiers et gouvernements). Pour y arriver, les systèmes de capture du dioxyde de carbone produit par ces véhicules lourds pourraient grandement aider l’UE. Dans ce contexte, l’entreprise Qaptis (dérivée de l’EPFL) a mis au point une technologie de collecte de CO₂ contenu dans le pot d’échappement des camions de fret. Elle est actuellement en attente des résultats des essais d’un prototype effectués chez un transporteur local. Apprenez-en plus sur cette innovation à travers cette rubrique.
Les caractéristiques de ce dispositif de décarbonation
Cette technologie a été créée au laboratoire d’ingénierie des procédés industriels et des systèmes énergétiques de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, en Suisse. Elle repose sur le principe de transformation du CO₂ de l’état gazeux à l’état liquide. Elle nécessite peu d’énergie pour fonctionner, ce qui fait d’elle une solution respectueuse de l’environnement. Ainsi, les camions à moteur à combustion pourraient être équipés de ce système. Lorsque le dioxyde de carbone est capturé, il est immédiatement refroidi. Il passe ensuite à travers un adsorbant en poudre afin de le séparer des autres gaz tels que l’oxygène et l’oxyde d’azote.
Une fois l’adsorbant saturé, on le chauffe avec la chaleur générée par le moteur à combustion du véhicule. Ce processus permet de libérer le dioxyde de carbone, qui est ensuite liquéfié et comprimé à l’aide de turbocompresseurs. Le CO₂ liquide (moins volumineux) est plus facile à stocker. Selon Théodore Caby, cofondateur et directeur de Qaptis, cette entreprise a réussi à transférer cette technologie de base du laboratoire à l’industrie. Un prototype est actuellement installé chez un transporteur de fret local. L’entreprise prévoit de commencer la phase de démonstration du premier dispositif de collecte de CO₂ installé sur un camion d’ici à la fin de 2024.
La réutilisation du dioxyde de carbone stocké
Le dioxyde de carbone capturé et stocké a diverses applications, notamment dans la production de matériaux de construction, d’engrais, d’énergie et de carburants de synthèse. Dans ce projet, Qaptis envisage de l’utiliser dans le développement des e-carburants. Le CO₂ liquide sera placé dans un réservoir situé derrière la cabine du camion. Sa vidange pourra être effectuée lors du retour du véhicule au terminal de fret. D’après Théodore Caby, les transporteurs de fret locaux sont la première cible de l’entreprise. Mais avec le temps, si tout se passe comme prévu, il sera possible de créer un système de récupération de CO₂ auprès des stations-services afin que tous les automobilistes puissent utiliser cette technologie.
Où en est-il maintenant ce projet ?
Ce spin-off suisse a franchi une étape importante dans ses travaux de recherche et de développement en achevant le prototype de son système de capture de CO₂. Ce dernier est fonctionnel, bien qu’il soit encore trop encombrant. Après les premiers essais auprès de l’un des partenaires de Qaptis, il est aujourd’hui testé à Tolochenaz, en vue d’optimiser sa conception et ses performances. Cette innovation pourrait être miniaturisée dans quelques mois pour être installée sur des véhicules existants. De nombreuses itérations hors laboratoire devraient ainsi être effectuées afin de rendre ce dispositif applicable dans des conditions réelles. Plus d’informations : EPFL. Que pensez-vous de cette invention ? Nous vous invitons à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .
Interessant mais…
Quel est le bilan énergétique du kg de CO2 capturé ?
Refroidissement, séparation, Désorption, compression…
Beaucoup d’opérations assez gourmandes en énergie qui augmenteront bien évidemment la consommation du véhicule afin de la produire…