Le Royaume-Uni pourrait bientôt devenir le premier pays mondial à prescrire le vapotage sur ordonnance. Alors que certains pays interdisent les cigarettes électroniques, l’Angleterre va donc probablement les utiliser comme alternative au tabac. Concrètement, si cela venait à se réaliser, un patient désireux d’arrêter de fumer pourra se faire prescrire des cigarettes électroniques.
Outre le fait que le médecin prescrive des vapes, cela permettra à l’agence de santé britannique de contrôler les cigarettes électroniques vendues, comme c’est le cas pour tout médicament. Une première mondiale donc !
Interdites dans certains pays
A l’heure actuelle, ce sont 32 pays qui interdisent les cigarettes électroniques. Mais le 29 octobre dernier, Sajib Javid, ministre de la Santé et à la Protection Sociale du Royaume-Uni, annonçait que le gouvernement étudiait le fait qu’elles puissent être prescrites sur ordonnance. Pour interdire les cigarettes électroniques, les pays avancent le fait de ne pas avoir assez de recul concernant les effets sur la santé des utilisateurs. Le ministre de la Santé britannique, lui, explique que plusieurs études concordantes donnent pour résultat les cigarettes électroniques moins nocive que le tabac.
Depuis 10 ans, celles-ci se développent et l’OMS alertent sur certains modèles; l’organisation souhaite que ces vapoteuses soient davantage réglementées.
Un avantage pour le marché du tabac
Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme, revient sur cette mesure et explique qu’elle devrait favoriser les lobbies de tabac anglais: en Angleterre, les industriels ont investi massivement dans les cigarettes électroniques, et si celles-ci devaient être vendues sur ordonnance, cela pourrait booster leurs ventes.
Côté communication, les cigarettiers vantent la « réduction des risques » et expliquent que le vapotage est 95% moins nocif que la cigarette et peut sauver 19 millions de vies. Les industriels du tabac britannique ont fait pression sur les gouvernements pour en limiter la réglementation selon Michael Bloomberg, ambassadeur mondial de l’OMS.
Une mesure anti-tabac vraiment ?
Personne ne sait vraiment quel poids les lobbies du tabac britannique ont eu dans cette annonce du gouvernement anglais. Mais une enquête publiée dans le Monde explique que les fabricants de cigarettes électroniques, financés par l’industrie du tabac, veulent entrer dans les COP (ou Conférence des Parties) anti-tabac; celles-ci ont lieu tous les deux ans, et les infiltrer serait l’assurance de ventes boostées. L’objectif étant de faire entrer à la COP des organisations qui défendent la réduction des risques liés au tabac, et donc d’y faire entrer les cigarettes électroniques. De fil en aiguille, on se retrouve avec les industriels du tabac dans une conférence anti-tabac. Ils sont forts quand même non ?
Nous saurons le 8 novembre, date d’ouverture de la COP9, si les industriels du tabac britanniques ont été entendus. Le ministre de la Santé britannique explique tout de même que vapoter n’est pas sans danger et promet une grande rigueur sur la qualité des cigarettes électronique avant un éventuel remboursement.
Et en France, c’est comment ?
En France, la cigarette électronique ne peut pas être remboursée, cependant depuis l’article L.5121-2 du Code de la santé publique, elle peut être une aide au sevrage tabagique. Pour cela il faut remplir deux conditions :
- Revendication de l’aide au sevrage tabagique (article L.5121-2 du Code de la santé publique)
- Teneur en nicotine du liquide supérieure au seuil fixé pour les produits de vapotage (20 mg/ml) par l’arrêté du 19 mai 2016 relatif aux produits du vapotage.
Les produits en vente en France doivent bénéficier d’une Autorisation de mise sur le marché (AMM). Le ministère de l’Economie rappelle que les cigarettes et les liquides ne sont pas des médicaments. Les cigarettes électroniques en France sont également interdites à la vente aux moins de 18 ans.