Comme de nombreuses personnes, vous êtes peut-être herpétophobes ? Vous avez donc une peur bleue des serpents en tous genres. Pourtant, si un jour, vous êtes victimes d’un accident avec une plaie ouverte, ou même d’un saignement interne, votre salut pourrait bien venir de leur venin ! Et plus particulièrement de celui du serpent « Fer de Lance Commun » ou « Bothrops Atrox » Ce serpent, originaire du Vénézuela, possède un venin hémorragique, qui contient une enzyme intéressante pour les chercheurs : la batroxobine, ou reptilase, qui permet une coagulation rapide du sang. Des chercheurs de la Western University de l’Ontario (Canada) tentent de mettre au point un pansement à base de son venin. Explications.
Une super colle issue du venin des Fers de Lance
Selon une étude parue dans la revue Nature, le venin d’abeille possède des vertus anticancéreuses. Celui d’ornithorynque permet de traiter certaines formes de diabète, selon celle-ci, réalisée par l’Université d’Adélaïde. Kibret Mequanint, bio-ingénieur à la Western University, a réussi à mettre au point une colle chirurgicale capable de panser les plaies, que celles-ci soient externes, internes, profondes ou superficielles. Son équipe de chercheurs envisage de l’utiliser sur les zones de guerre, pour des interventions chirurgicales, ou pour les plaies sans gravité de la vie quotidienne, conditionnée dans un petit tube.
Plus rapide et plus résistante
Les adhésifs tissulaires ont pour première propriété de réduire le « temps de prise » par rapport aux adhésifs synthétiques, qui peuvent parfois déclencher des réactions toxiques et ne pas être biocompatibles avec le tissu humain. En revanche, les bio adhésifs d’origine naturelle, comme la fibrine, ne provoquent que très rarement un rejet de la plaie. Mais is ont quand même un petit défaut : le temps de coagulation et d’adhérence est parfois trop long quand une plaie saigne abondamment. Mequanint et ses chercheurs ont donc eu l’idée de mettre à profit le venin du Fer de Lance pour tenter de fabriquer un produit plus efficace.
Comment ont-ils fait ?
L’enzyme batroxobine peut transformer, grâce à ses propriétés coagulantes, la protéine de plasma en fibrinogène; la fibrine étant une protéine filamenteuse qui aide à la réparation des vaisseaux sanguins mais également des tissus de la peau. Et à l’état naturel, le Fer de Lance provoque la mort de ses proies justement par une coagulation excessive du sang, due à son venin.
Pour pouvoir utiliser cette enzyme dans le milieu médical, les chercheurs ont conçu une sorte de gélatine, qui peut être conservée dans un simple tube. Pour provoquer le « collage », cette gélatine doit être exposée à une lumière franche comme un pointeur laser, ou même une torche de smartphone.
Quelles utilisations pour cette super colle ?
Comme nous l’avons souligné plus haut, cette colle à base de venin pourrait être utilisée sur des soldats victimes de plaies ouvertes… Mais selon les chercheurs, elle pourrait aussi remplacer les points de suture (avec fil ou agrafes) après une intervention chirurgicale: il ne lui faudrait que 45 secondes pour pouvoir arrêter l’hémorragie, contre 90 secondes pour la fibrine. Après plusieurs tests sur des rats, les chercheurs estiment également que cette colle pourrait permettre d’arrêter un saignement artériel ou même interne: elle posséderait une capacité de coagulation dix fois supérieure à celle de la fibrine.
Les résultats sont encourageants, cependant, la colle chirurgicale à base de venin de Fer de Lance devra encore subir de nombreux tests cliniques, avant de se voir proposer une utilisation sur l’Homme.