La France est le premier producteur d’huîtres en Europe avec près de 85 % de la production européenne. Cette production est assurée par plus de 3 000 entreprises de la filière ostréicole. On entend parfois dire que l’on fait « pousser » des huîtres, un vocabulaire étonnant qui s’explique par le fait que l’on utilise des coupelles ostréicoles pour y déposer de jeunes huîtres et pouvoir les « cultiver » ou les faire grandir. Ces coupelles ostréicoles sont généralement fabriquées en matériau résistant, tel que le plastique ou l’acier inoxydable. Pour pouvoir accueillir l’huître et lui fournir un environnement optimal de développement, elles sont de forme concave et attachées à des cordes spéciales, ou collecteurs. Pour remplacer le plastique de ces coupelles, la start-up Seabird, basée près de Lorient, invente les premières coupelles ostréicoles biosourcées. Découverte.
D’où est venue l’idée de cette invention ?
La start-up morbihannaise avait déjà inventé, en 2016, le premier filament de pêche écologique aussi résistant que les filets de nylon. Sa différence résidait dans le fait qu’il soit fabriqué en plastique biosourcé. Ces filets vertueux ont fait de Seabird une entreprise à la renommée internationale. Cette année, ils reviennent avec une nouvelle matière biosourcée, la coupelle ostréicole. Le matériau baptisé « compound » est un matériau à la recette tenue secrète, mais fabriqué à partir de canne à sucre injectée à 180° pour le moulage des coupelles. On sait également que la matière première est composée d’éthanol et de poudre de coquilles d’huîtres.
Des débuts prometteurs pour l’entreprise
Seabird a donc inventé la matière, mais fait fabriquer ses coupelles biosourcées en Charente-Maritime, par l’entreprise Lyspackaging. 50 000 coupelles biosourcées sont déjà sorties d’usine. L’entreprise charentaise étant la seule à parvenir à utiliser cette matière pour fabriquer le produit fini : la coupelle ostréicole. Les coupelles biosourcées ont été soumises à une période d’essai de trois ans dans des conditions réelles de production sur douze sites de captage dans le bassin charentais. L’objectif était de vérifier leurs performances et leur résistance en milieu marin. Pierrick Barbier, référent scientifique du Centre pour l’aquaculture, la pêche et l’environnement de Nouvelle-Aquitaine (Capena), qui a supervisé l’expérimentation, résume les résultats obtenus. Les tests ont démontré que les coupelles biosourcées permettaient un captage aussi efficace, voire meilleur que les coupelles conventionnelles, notamment lorsque la reproduction des huîtres était faible. Concernant l’usure, après trois ans, il a été constaté que 98 % des coupelles conventionnelles étaient réutilisables, tandis que 87 % des coupelles biosourcées pouvaient être réutilisées.
Les huîtres et leurs coquilles, une formidable matière première !
Il semblerait que le compound de Seabird contienne de la poudre de coquilles d’huîtres. Et ce n’est pas la seule matière à utiliser, qui est considérée comme un déchet non réutilisable, à tort, évidemment. On peut citer les savons à la coquille d’huître, exfoliants, produits, eux aussi, en Charente-Maritime par Amélie Durand. Dans un tout autre registre, citons les pavés drainants, Vivaway, inventés par l’entreprise vendéenne Alégina, comme les toitures végétalisées Vivaroof. Ces deux inventions ont la particularité d’utiliser les déchets ostréicoles pour en faire de nouvelles matières, respectueuses de l’environnement. Et si vous ne savez que faire de vos coquilles d’huîtres, ne les jetez pas à la poubelle. Elles ont de remarquables pouvoirs que nous vous relations dans cet article qui leur était consacré. Plus d’informations : seabird.fr