Le manque de terrains disponibles empêche parfois certains pays de déployer des systèmes photovoltaïques suffisants pour passer plus rapidement à l’énergie propre. C’est pourquoi des chercheurs et des entreprises se concentrent actuellement sur le développement d’options de production d’énergie solaire flottantes. Les mers et les océans offrent notamment de vastes zones potentielles pour accueillir ces installations. Cependant, il s’agit d’un environnement particulièrement exigeant, avec les mouvements des vagues et des courants marins, ainsi que les autres agressions marines. Le consortium qui regroupe Tractebel, Jan De Nul et DEME a réussi à surpasser ces contraintes en inventant la technologie Seavolt©. Cette innovation est spécifiquement conçue pour résister à des conditions marines les plus difficiles. Décryptage.
En quoi consiste ce projet ?
Si la technologie éolienne en mer existe depuis longtemps, le concept du photovoltaïque flottant offshore n’a commencé à se développer qu’il y a quelques années. Un tel projet contribue à l’accélération de la transition énergétique en Belgique et au niveau mondial. Il fait partie des solutions visant à réduire les émissions de CO₂ (les autres étant la construction des pôles énergétiques en mer, la production des carburants maritimes verts, les interconnexions électriques, les réservoirs d’énergie éolienne sous-marins…). Seavolt est le fruit d’une longue période de recherche et de développement conjoints de ces trois partenaires belges, expérimentés dans les domaines de l’énergie renouvelable (solaire et éolienne) et de l’ingénierie offshore.
« De la même manière que nous avons vu la technologie éolienne se déplacer de la terre vers la mer, nous assistons à l’extension de l’ensemble du système énergétique vers les sites offshore. Avec la production de carburants verts en mer, les îles énergétiques et les interconnexions en mer, ainsi que les solutions potentielles pour le stockage de l’énergie, nous pensons que l’énergie photovoltaïque flottante en mer a un rôle important à jouer dans l’accélération de la transition énergétique. Bien que cette technologie en soit encore à ses débuts, nous sommes convaincus qu’avec des partenaires aussi solides à bord, nous donnons à SEAVOLT toutes les chances possibles de réussir ». explique Philippe Van Troeye, CEO de Tractebel.
En effet, cette innovation s’impose comme une solution rentable, efficace et respectueuse de l’environnement. Ce système solaire flottant pourra compléter les parcs éoliens installés au large des côtes ou les sites d’aquaculture. Ainsi, la capacité de production locale d’énergie renouvelable augmentera significativement, et ce, dans de brefs délais. De plus, ce type de projet permettra de créer d’immenses espaces protégés des vagues. Il convient néanmoins de noter qu’il nécessite l’autorisation des autorités locales pour des concessions à usage multiple.
« Nous sommes ravis de lancer la technologie SEAVOLT, qui représente l’aboutissement d’années de travail acharné et d’innovation dans le domaine de la technologie photovoltaïque en mer, en collaboration avec nos partenaires. SEAVOLT est une solution fiable, rentable et respectueuse de l’environnement qui peut être déployée dans les conditions offshore les plus difficiles. Alors que l’industrie éolienne offshore continue de se développer, nous pensons qu’elle a le potentiel de jouer un rôle crucial dans l’optimisation de l’utilisation de l’espace en mer en complétant les parcs éoliens offshore. Nous sommes impatients de voir comment SEAVOLT façonnera l’avenir des énergies renouvelables et contribuera à un avenir plus durable. » précise Philippe Hutse, Offshore Director de l’entreprise Jan De Nul.
Une installation d’essai au large de la côte belge
Ce nouveau système photovoltaïque flottant en mer est aujourd’hui en instance de brevet. Il est conçu pour supporter les conditions de l’offshore les plus rudes (vagues, courants marins, intempéries, eau salée, etc.). Grâce à sa conception modulaire, cette technologie pourra s’adapter à différentes demandes et à divers sites. Elle comprend plusieurs modules solaires montés sur un système de flotteur métallique renforcé, robuste et traité pour résister aux mouvements des courants et des vagues. Il est à préciser que le projet de recherche Marine PV Aquaculture (MPVAQUA), qui a donné naissance à Seavolt, a débuté quatre ans auparavant.
Cette étude a été réalisée en collaboration avec l’Université de Gand. Elle a été financée par l’Agence flamande pour l’innovation et l’entrepreneuriat (VLAIO) dans le cadre du « Blue Cluster ». En plus des travaux sur le développement de cette nouvelle technologie photovoltaïque, les équipes ont également effectué une recherche sur l’intégration de l’aquaculture à l’installation et sur ses conséquences sur l’écosystème marin. De plus, elles ont évalué le coût du projet et la rentabilité éventuelle. À la suite de tests en laboratoire, Tractebel et ses partenaires ont pu développer une ferme solaire flottante d’essai. Cette dernière sera installée au large de la côte belge en été 2023. En parallèle, les travaux de recherche sur l’écosystème, la rentabilité et l’environnement se poursuivent. Ils sont soutenus par le Fonds pour la transition énergétique et le Fonds de relance belge. Plus d’informations : tractebel.com