Nous sommes nombreux à nous poser la question suivante : quelle est l’énergie la plus propre ? Parfois limitées dans ce domaine, nos connaissances tendraient à diriger notre pensée vers le solaire ou l’éolien. Ces deux sources de production d’énergie renouvelable tiennent le haut du pavé en matière d’énergies propres. Or, apparemment, l’énergie la plus propre n’est pas celle que l’on imagine. En effet, de nombreux experts s’entendent sur le fait que l’énergie marémotrice soit finalement la plus propre de toutes. Mais alors, pourquoi n’est-elle pas plus développée ? Et pourquoi ne l’utilise-t-on pas massivement pour remplacer les centrales à charbons ou nucléaires ? Décryptage !
Un petit comparatif s’impose pour comprendre
En matière d’émission de dioxyde de carbone, l’énergie solaire produit environ 48 g par kWh (g/kWh). Connu pour son extrême pollution, le charbon produit 820 g/kWh, une évidence qui ne nous surprend pas. Quant à la production d’énergie via des éoliennes, elle émet approximativement 12 g/kWh, à l’instar du nucléaire. Cependant, l’énergie marémotrice, elle, produirait seulement 1,8 g/kWh, soit 26 fois moins que l’énergie solaire et 455 fois moins que le charbon explique Sera Lockett dans une analyse publiée sur Medium. Nous vous avions parlé du projet Meygen en Écosse, avec une usine marémotrice capable de produire 50 GWh d’électricité. Cette usine hors du commun devrait permettre de grandes avancées et une utilisation maximale de l’énergie marémotrice. La clé des énergies renouvelables repose donc peut-être sur ce type d’usines.
Qu’est-ce que l’énergie marémotrice ?
L’énergie marémotrice, également appelée énergie des marées, est une forme d’énergie renouvelable produite par l’utilisation des mouvements des marées pour produire de l’électricité. Les marées sont générées par les forces gravitationnelles exercées par la Lune et le Soleil sur la Terre. Ce qui provoque des mouvements de l’eau dans les océans. Généralement, l’énergie marémotrice est produite grâce à des barrages construits sur des estuaires, des baies peu profondes ou encore des « maréliennes ». Pour produire efficacement, les usines doivent être placées là où le niveau de la mer fluctue considérablement entre les marées hautes et basses.
Les barrages sont équipés de turbines alimentées par l’eau qui passe à travers, au fur et à mesure que la marée monte ou descend. L’énergie marémotrice est une source d’énergie renouvelable, car elle est produite par les forces naturelles de la Lune et du Soleil, qui sont en constante évolution et ne sont pas susceptibles de s’épuiser. Cependant, la production d’énergie marémotrice peut avoir des impacts sur l’environnement marin et sur les communautés locales qui dépendent de la pêche et d’autres activités maritimes.
Pourquoi l’énergie marémotrice est-elle moins polluante que l’énergie éolienne ?
Le caractère moins polluant de l’énergie marémotrice est dû au fait que les pales d’une turbine sont beaucoup plus efficaces dans l’eau que dans l’air. En réalité, le poids et la viscosité de l’eau permettent de créer de plus importantes différences de pression en surface. Le fait que les turbines soient sous l’eau crée aussi moins de turbulences et par conséquent, moins de gaspillage d’énergie, augmentant ainsi la force exercée sur les pales. « Ainsi, une turbine marémotrice a un rendement de 80 %, alors qu’une éolienne n’a qu’un rendement de 40 %. Cela permet à l’énergie marémotrice de tirer beaucoup plus d’énergie des marées que les éoliennes n’en tirent du vent », explique Sera Lockett.
Pourquoi l’énergie marémotrice n’est-elle pas plus utilisée ?
Comme nous l’avons vu récemment, l’énergie marémotrice se révèle la plus propre et l’une des plus efficaces. Pourtant, les usines marémotrices ne sont pas très nombreuses dans le monde et cela s’explique par différents problèmes à résoudre. Le premier de ces problèmes est financier, puisque la production d’un mégawattheure représente environ 280 dollars via l’énergie marémotrice. À titre de comparaison, la même quantité produite en éolien coûte 26 dollars ! Le second problème à résoudre concerne l’impact environnemental, dont on ne mesure pas encore suffisamment les conséquences.
Installer d’énormes turbines hydroélectriques sous les eaux implique forcément une modification de l’environnement et de l’écosystème. Outre la vie animale qui se trouve perturbée, c’est aussi celle de ceux qui vivent de la pêche qui peut fortement se trouver affectée. Elles peuvent même modifier l’environnement qui les entoure. En aval des turbines, la vitesse des marées se trouve ralentie, provoquant moins de sédiments transportés, soit une accumulation de vase sur le fond marin. Avant de généraliser les usines marémotrices, il faudra en conséquence résoudre ces deux difficultés majeures : l’une financière, l’autre environnementale, et cette dernière s’avère plutôt essentielle !