Le volume de déchets électroniques est en constante hausse dans le monde. D’après un rapport du WEEE Forum, elle a atteint 57,4 millions de tonnes en 2021 et devrait dépasser 70 millions de tonnes en 2030. Pourtant, ces déchets comprennent différents métaux pouvant être récupérés et réutilisés dans la production de nouveaux équipements. Ce qui permettrait de limiter l’exploitation minière et l’impact environnemental de cette activité. Dans l’optique d’extraire efficacement et à moindre coût l’or contenu dans les DEEE (déchets d’équipement électrique et électronique), des chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Zurich ont développé une méthode innovante utilisant, entre autres, du lactosérum et des solutions acides.
Une méthode écologique utilisant un sous-produit alimentaire
Contrairement à certaines techniques d’extraction, telles que celle au charbon actif, la méthode des chercheurs de l’ETH Zurich est plus écologique, dans la mesure où elle émet une faible quantité de gaz à effet de serre. En effet, d’après les experts qui ont mené l’étude, le recyclage au charbon actif dégage 116 g de CO2 pour 1 g d’or récupéré, contre seulement 87 g pour le lactosérum. La technique utilisée par les chercheurs suisses consiste à transformer la whey en fibrilles amyloïdes, des agrégats de protéines composés de nanofibres. Une fois sèches, celles-ci prennent la forme d’une éponge et sont plongées dans de l’«aqua regia», dans laquelle les composants métalliques des déchets électroniques ont été dissous pour absorber les ions d’or. Les fibrilles amyloïdes sont ensuite chauffées pour transformer les ions en pépites. Dans un communiqué, Raffaele Mezzenga, un des auteurs de l’étude, a fait part de son enthousiaste quant à l’utilisation de déchets laitiers dans le processus de recyclage de l’or dans les DEEE. Il a déclaré : « On ne peut pas faire plus durable que ça ! »
Une technique de récupération rentable
Outre son côté écologique, la méthode du recyclage au lactosérum est particulièrement rentable. Selon les chercheurs de l’ETH Zurich, les dépenses qu’ils ont engagées dans la récupération d’un gramme d’or sont d’environ 50 fois inférieures à la valeur du métal recyclé. Durant leur expérience, ils ont réussi à récupérer 450 mg d’or de 21 à 22 carats, à partir de 20 vieilles cartes mères d’ordinateurs. Pour information, la grande sélectivité des agrégats de protéines joue un rôle important aussi bien dans la rentabilité du processus que dans la pureté du métal recyclé. En les plongeant dans l’«aqua regia», ils ont absorbé 93,3 % du métal précieux contenu dans la solution et seulement 9 % du fer. Par ailleurs, les pépites obtenues après le traitement des fibrilles amyloïdes sont constituées à 90,8 % d’or en poids.
Des protéines végétales comme alternatives au lactosérum
Bien que le lactosérum permette d’extraire l’or dans les déchets électroniques de manière relativement écologique, les chercheurs sont conscients que l’utilisation d’une protéine d’origine animale pourrait entraîner des dommages non négligeables sur l’écosystème. Pour limiter davantage l’impact de leur méthode, ils prévoient de mener des études sur des protéines végétales. Celles des pois ou des pommes de terre, pour déterminer si elles peuvent remplacer la whey dans le recyclage de ce métal précieux dans les DEEE. À noter qu’ils sont actuellement en train de préparer leur technologie pour la mettre sur le marché et souhaitent favoriser le recyclage de l’or à partir de matériels électroniques, mais aussi de déchets industriels issus de la fabrication de micropuces, par exemple. Retrouvez les détails de cette methode sur Advanced Materials. Que pensez-vous de cette méthode pour extraire et recycler les métaux précieux des déchets électroniques ? Nous vous invitons à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .